Besancenot, plus gauchiste que trotskiste

La figure de proue du NPA préfère les « héros du quotidien »
au « trotskisme un peu ringard ». Et revendique une ligne « clairement indépendante ».

Jean-Baptiste Quiot  • 5 février 2009 abonné·es

Olivier Besancenot sait tirer les leçons de l’histoire. « Aujourd’hui, certains débats appartiennent au passé. Le stalinisme s’est effondré et c’est tant mieux. Comme aime à le répéter Alain Krivine : “Je me sens juif face à un antisémite et trotskiste face à un stalinien” », écrivait le plus célèbre facteur de France en 2002. Sa première candidature à l’élection présidentielle, la même année, marque une rupture. D’abord parce que la LCR, un des trois partis trotskistes français, n’avait pas présenté de candidat à cette élection depuis la candidature de Krivine en 1974. Ensuite parce qu’« Olivier » n’appartient pas à la génération de 1968, mais à celle de ces jeunes qui ont grandi politiquement dans un monde sans Soviétiques, après la chute du mur de Berlin. En 2007, il avouait d’ailleurs avoir « lu Trotski sur le tard » . « J’ai eu du mal à la base, j’ai préféré d’abord lire d’autres trucs. Ce n’est pas l’idée du trotskisme un peu ringard qui me parlait le plus. »

Au lendemain de l’élection présidentielle de 2007, Besancenot appelle à la création d’un Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Adieu le militant trotskiste usé et intello. Vive le parti des « héros du quotidien » ! Le postier enterre le trotskisme : « La LCR n’a plus vocation à exister » , explique-t-il. Et il ajoute : « Elle doit tourner la page sans renier son histoire. »

Mais quelle histoire ? La sienne ? Dès son entrée dans l’organisation, raconte Éric Hacquemand
[^2], Besancenot défend les thèses de la tendance minoritaire appelée « R ! » pour Révolution !, ainsi caractérisée par Alain Krivine : « Historiquement, il a toujours existé au sein de notre organisation un courant orthodoxe gauchiste, souvent assez sectaire, basé sur une seule idée : on est petit, alors il faut se blinder. » Promu porte-parole, Olivier Besancenot n’a pas changé. Son refus d’une candidature unitaire à la présidentielle de 2007 en témoigne. Tout comme la ligne « clairement indépendante » revendiquée pour le NPA, qui semble empêcher tout rassemblement de la gauche de gauche aux prochaines échéances électorales.

[^2]: Olivier Besancenot. L’irrésistible ascension de l’enfant de la gauche extrême, Éric Hacquemand, Éd. du Rocher, 304 p., 17 euros.

Politique
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