Économies dangereuses

Un nouveau coup est porté à la Sécu avec la baisse du remboursement des consultations.

Thierry Brun  • 5 février 2009 abonné·es

Ceux qui ont cru Roselyne Bachelot en seront pour leur frais. Dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, la mi­nistre de la Santé avait promis des « objectifs nationaux des dépenses d’assurance-maladie permettant d’assurer l’effort de redressement sans participation supplémentaire des assurés » . Un avis paru au Journal officiel du 30 janvier contredit ses propos et ceux de Xavier Bertrand, ex-ministre des Affaires sociales, qui avait affirmé que le choix du médecin traitant était libre.

Le remboursement baissera de 50 à 30 % pour les patients consultant certains spécialistes sans passer par leur médecin traitant. « À 30 % de remboursement, où est le libre choix ? » , interroge le Syndicat de la médecine générale (SMG). « Il y a, certes, parmi les 15 % d’assurés sociaux concernés ceux qui ont fait le choix de ne pas passer par un médecin traitant. Mais il y a aussi de nombreux cas de personnes éloignées du système, qui se trouvent ainsi doublement exclues » , regrette Jean-François Naton, qui siège pour la CGT à l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam).
Les cinq confédérations syndicales qui siègent à l’Uncam se sont opposées à la poursuite de cette politique. « La motivation première de ces mesures est à rechercher dans les économies potentielles [150 millions d’euros]. Cette logique […] de désengagement […] se poursuivra jusqu’à atteindre le taux zéro », estime la CGT, qui s’oppose « à cette politique de sanctions qui, par sa généralisation, accroît les inégalités et les renoncements aux soins ».
Pour le SMG, « cela rendra plus difficile l’accès aux soins pour les personnes en exclusion sociale et qui sont souvent en errance, ainsi que les jeunes vivant aux rythmes de leurs études, pour tous ceux qui changent de caisse, perdent sans le savoir leur médecin traitant ou pour lesquels le médecin ne coche pas la bonne case ».

Un autre aspect a été mis en évidence lors du congrès des Observatoires régionaux de la santé (ORS) en octobre 2008. Ceux-ci ont indiqué que les inégalités apparaissent avant l’entrée dans le système de santé, dès le stade des soins primaires chez le médecin traitant. « Notre pays n’a pas réussi à réduire les inégalités de santé, et la France demeure le pays d’Europe de l’Ouest dans lequel les inégalités sont les plus marquées. » Roselyne Bachelot n’a pour l’instant pas tiré les leçons de ce constat préoccupant.

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