Journée de la protection des données personnelles : un non-événement

Christine Tréguier  • 7 février 2009
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Savez-vous que le 28 janvier avait lieu la deuxième Journée européenne de la protection des données personnelles ? Non ? Moi non plus, et les communiqués de la Cnil et du Beuc (Bureau européen des unions de consommateurs) informant de sa tenue ne sont arrivés dans ma boîte mail que… le 29. D’accord, il y avait la grève nationale qui occupait (et c’est tant mieux) le devant de la scène. Mais force est de constater que nos ardents défenseurs de la vie privée ont fait dans la discrétion extrême.
Il faut être sacrément expert pour savoir que ce 28 janvier 2009 est la date anniversaire de la signature de la Convention 108 de 1981, entrée en vigueur en 1985 (avant Internet donc) et à laquelle ont adhéré 38 pays. Laquelle Convention 108 vise à protéger les personnes contre l’usage abusif du traitement automatisé des données à caractère personnel, et réglemente les flux transfrontaliers des données. Il est intéressant de savoir que certains lobbies s’activent pour lui substituer des normes «  plus souples  » et moins contraignantes, bref plus favorables à une vie privée devenue, comme le développement durable, «  un moteur de croissance  ».

«  Les questions de protection des données, expliquent le site ad hoc du Conseil de l’Europe, à l’initiative de cette journée, sont constamment présentes dans la vie du citoyen – au travail, dans ses relations avec les autorités publiques, dans le domaine médical, lorsqu’il achète des biens ou services, lorsqu’il voyage ou surfe sur l’Internet.  » La suite est nettement plus floue : «  Au cours de cette journée, des événements devraient être organisés dans l’Europe entière pour sensibiliser le public à la protection des données et l’informer de ses droits et des bonnes pratiques.  » «  Célébrons cette journée , clame de son côté le Beuc, rendons les consommateurs maîtres de leurs données.  »

Quant à Alex Turk, président de la Cnil et du Groupe Article 29 (des autorités de protection européennes), il s’est fendu lui aussi d’un communiqué : «  Il convient de lutter contre cette dérive (du traçage quotidien, ndlr), de refuser d’admettre l’idée d’être tracé, de ne pas en être pénalisé pour autant et de faire preuve d’autovigilance . » Après un satisfecit aux avis et résolutions – ô combien insuffisantes – prises en 2008 par la Cnil, il conclut : «  Il serait particulièrement bienvenu d’instaurer, chaque année, une journée, voire une semaine mondiale de la protection de la vie privée et des données personnelles, comme l’a recommandé à l’unanimité la 30e conférence mondiale des autorités de protection des données en octobre dernier.  »

Vivement le 28 janvier 2010 ! En attendant pour en apprendre sur ces questions, lisez plutôt le dernier bulletin de l’Edri (1). Et ne comptez que sur vous-même, car, comme le dit le slogan de cette mémorable journée : « Votre vie privée ne regarde que vous. » Et sa protection, de toute évidence, aussi.

(1) Edri (European Digital Rights)- EDRIgram numéro 7.2 (7e année), 28 janvier 2009
http://www.edri.org/edri-gram/number7.2

La Convention 108 : http://conventions.coe.int/treaty/fr/Treaties/Html/108.htm

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