L’Afssa sans gêne

Politis  • 19 février 2009 abonné·es

La bataille anti-OGM va reprendre de plus belle en France, à la suite du rapport rendu la semaine dernière par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) : il conclut que le maïs OGM Mon810 de Monsanto, dont la culture est sous moratoire en France depuis un an, est sans danger pour la santé. Et précisément : « Aucun élément nouveau
ne remet en cause la sécurité »
du Mon810 dans le rapport d’Yvon Le Maho,
datant de juin 2008. En bon scientifique, celui-ci constatait qu’on ne pouvait conclure à l’absence de nocivité sanitaire et environnementale (ni le contraire d’ailleurs), recommandant de s’en tenir
au principe de précaution.

Pas étonnant : les études d’impact sont très majoritairement produites par les firmes semencières elles-mêmes,
et ne sont pas rendues publiques.
Ce qui ne gêne nullement l’Afssa.
Alors que l’expertise officielle se décrédibilise périodiquement, le gouvernement, qui tarde à y remédier,
a pour une fois vivement réagi face au lobby semencier, qui s’empresse de réclamer la levée du moratoire : c’est comme si on se basait sur l’avis d’un dentiste pour soigner une fracture,
résume Chantal Jouanno, nouvelle secrétaire d’État à l’Écologie.

En effet, c’est en raison des sérieux risques de contamination de l’environnement
que la culture du Mon810 a été suspendue, et pas pour des raisons sanitaires.
L’Afssa n’est pas plus troublée par la manœuvre qui a entouré la divulgation de son avis : il a « fuité » dans la presse (le Figaro du 11 février), juste avant le vote des experts de l’Union, lundi dernier, sur la proposition de la Commission européenne de casser le moratoire français (mais aussi grec). Cette pression a finalement échoué dans ses fins, mais le répit ne sera que
de courte durée : à moins que les ministres de l’Environnement de l’Union ne se mettent d’accord (c’est peu probable)
d’ici à juin prochain, le dernier mot reviendra à la Commission : sous peine
de sanction, la France sera alors sommée de lever son moratoire.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

D’eau et de colère
Portfolio 24 juillet 2024 abonné·es

D’eau et de colère

Les 19 et 20 juillet, les militants des Soulèvements de la Terre ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire sur les mégabassines. Reportage photo.
Par Maxime Sirvins
Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition
Portrait 24 juillet 2024 abonné·es

Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition

Sur le plus long fleuve de France, ils ne sont plus qu’une soixantaine à exercer leur métier. Une activité qui fait figure d’artisanat en comparaison de la pêche en mer. Rencontre avec un passionné attentif à son environnement.
Par Mathilde Doiezie
De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan
Reportage 22 juillet 2024

De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan

Au cours d’une semaine de mobilisation contre les mégabassines, des milliers manifestants se sont rassemblés dans les Deux-Sèvres à l’appel des Soulèvements de la terre et de Bassines Non Merci. Les 19 et 20 juillet, les militants ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire. Récit et photos.
Par Maxime Sirvins
Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines
Reportage 15 juillet 2024 abonné·es

Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines

L’établissement des Deux-Sèvres voit mûrir au sein de son BTS gestion et protection de la nature une nouvelle génération d’activistes contre l’accaparement de l’eau. Ses élèves aux parcours sinueux trouvent dans ce terroir et son activité militante le déclic d’un engagement durable.
Par Sylvain Lapoix