Le privé ne guérit pas

Dévoilé en pleine affaire Kouchner, le dernier rapport d’Oxfam France – Agir ici dénonce l’inefficacité chronique des systèmes de santé privés dans les pays pauvres.

Xavier Frison  • 16 février 2009 abonné·es

Si certains y croyaient encore, le mythe de la santé privatisée volant au secours des pays pauvres vient de tomber. Dans son dernier rapport , Oxfam France – Agir ici démonte les six grands arguments du privé et affirme que « les systèmes de santé privés sont souvent inefficaces et mettent en péril les vies des populations pauvres. » L’enjeu est de taille : selon Oxfam, chaque minute, une femme meurt en couches ou au cours de sa grossesse, faute de soins médicaux de base. Chaque heure, trois cents personnes décèdent de maladies liées au sida et chaque jour, cinq mille enfants meurent de pneumonie.

Pour améliorer la santé dans les pays pauvres, il est urgent de promouvoir une « expansion considérable des services de santé » . Mais jusqu’à aujourd’hui, « la Banque mondiale a préconisé une solution fondée sur l’investissement et la croissance du secteur privé de la santé. Critiquant l’échec des services de santé publique dans les pays pauvres – échec dans lequel les réductions d’investissement et autres restructurations massives exigées par la Banque elle-même ont joué un rôle significatif – l’argument était que le secteur privé pourrait faire mieux. » Or, « il devient de plus en plus évident que de graves manquements inhérents à l’offre privée font de cette dernière une solution à la fois très risquée et très coûteuse. »

Excluants, gourmands en subventions publiques, plus chers, moins efficaces, inégalitaires et pas plus vertueux en terme de fraude que la santé publique, les systèmes de santé privatisés n’apportent rien de bon aux pays pauvres. Oxfam France-Agir ici recommande notamment aux pays donateurs comme la France, jusqu’ici défenseurs aveugles du privé, d’ « accroître rapidement » l’aide en faveur des soins de santé publique. Les gouvernements bénéficiaires de ces fonds sont eux invités à exclure les soins de santé des accords de commerce régionaux ou mondiaux. Et à « résister » à l’amicale « pression » des pays donateurs…

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