Le temps des colonies

Après plus d’un mois de grève générale, la Guadeloupe reste mobilisée.
Les négociations sur la hausse des salaires ont repris en début de semaine, mais rien n’est acquis. Le mouvement s’est étendu à la Martinique, à la Guyane et à la Réunion.

Politis  • 26 février 2009
Partager :
Le temps des colonies

En Guadeloupe, comme en Martinique, les revendications exprimées restent essentiellement sociales. Mais l’injustice, aux Antilles, ne parcourt pas seulement une ligne de fracture entre pauvres et riches. Il se trouve que les très grosses fortunes sont la propriété de quelques grandes familles békés, colons blancs arrière-petits-enfants des esclavagistes. Depuis le début de la colonisation par la Compagnie française des îles d’Amérique, au milieu du XVIIe siècle, puis directement sous le joug de l’État français, la structure économique n’a guère évolué. Le pouvoir de l’argent reste très majoritairement blanc. La grande distribution en particulier est aux mains des Békés. D’où un malaise identitaire qui se superpose au constat des inégalités entre les DOM-TOM et la métropole. C’est en cela que l’on peut parler de conflit à caractère colonial. Quant aux chiffres, ils sont éloquents : 12,5 % de la population guadeloupéenne est en dessous du seuil de pauvreté (contre 6,1 % en métropole). Quarante pour cent de la population est au chômage (7,5 % en métropole). En 2008, l’indice des prix des produits de grande consommation a augmenté de 3,3 % (contre 1,6 % en métropole). Comme on le voit, la comparaison alimente la thèse de la persistance de la fracture coloniale.

Illustration - Le temps des colonies

La moitié de la population des DOM vit
en dessous du seuil de pauvreté, alors que le coût de la vie est jusqu’à 50 % plus élevé qu’en France.
Amiet/AFP

Pour autant, les leaders du LKP (Collectif contre l’exploitation) ont la sagesse de ne pas mettre en avant les mots d’ordre indépendantistes. C’est la force et l’évidence des revendications sociales qui s’imposent. Or, en dépit des engagements, même tardifs, de Nicolas Sarkozy, et d’une première concession salariale, c’est loin d’être gagné. La hausse de 200 euros des bas salaires n’est pas acquise. Même si le gouvernement a reculé, le patronat local reste à convaincre de verser le complément. « C’est aux chefs d’entreprise de dire ce qui est possible et ce qui ne l’est pas » , a commenté sèchement Laurence Parisot. Ce qui n’augure de rien de bon.

Publié dans le dossier
Dom-Tom : Le temps des colonies
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don