Parutions

Politis  • 26 février 2009 abonné·es

L’eau, question publique

De nombreux groupes privés, tels Suez ou Veolia, considèrent l’eau comme une source intarissable de profits juteux. Cet élément naturel vital se raréfiant, une telle logique néolibérale ne peut que faire croître les risques de tensions, voire de conflits, dont il serait l’enjeu. Coordonné par Anne Le Strat, présidente d’Eaux de Paris et maire adjointe de Paris chargée de l’assainissement, qui a largement œuvré à effacer l’héritage chiraquien d’une eau privatisée dans la capitale, ce document de la Fondation Copernic, rassemblant quelques-uns des meilleures spécialistes étrangers et élus locaux investis sur cette question, développe un argumentaire rigoureux en faveur d’une politique publique à l’égard d’un bien commun de l’humanité.
Manifestes pour l’eau publique, Document de la Fondation Copernic, Anne Le Strat (coord.), Syllepse, 176 p., 7 euros

Féminisme et prostitution

Reprenant le nom d’une petite association qu’elles ont contribué à animer à partir de 2003, rassemblant des militant(e)s féministes, lesbiennes, gai(e)s, transgenres et des prostitué(e)s, en plein combat contre les lois Sarkozy qui instituèrent le délit de « racolage passif », la sociologue Catherine Deschamps, déjà auteure d’un livre remarqué intitulé le Sexe et l’argent des trottoirs (Hachette Littératures, 2006), et la conseillère régionale d’Île-de-France Anne Souyris, responsable de la Commission prostitution des Verts, publient un livre incisif sur cette véritable « pomme de discorde » entre les féministes que constitute la question de la prostitution. Refusant l’abolitionnisme de nombreuses militantes et dénonçant par ailleurs la pénalisation sarkozienne qui, au nom du tout-sécuritaire, a mis un peu plus encore en danger les « travailleur/ses du sexe » , ce « livre-manifeste » reprend les termes du débat en partant d’abord du point de vue des personnes prostituées elles-mêmes, et dresse le bilan catastrophique de la politique répressive menée depuis 2003.
Femmes publiques. Les féminismes à l’épreuve de la prostitution, Catherine Deschamps et Anne Souyris, Amsterdam, « Démocritique », 192 p., 14 euros

Jeunes, pauvres et délinquants…

Travaillant depuis plus de trente ans sur la jeunesse dans les milieux populaires, le sociologue Gérard Mauger, jadis très proche de Pierre Bourdieu, a vu évoluer les images associées à la délinquance juvénile, depuis les bandes de « blousons noirs » jusqu’aux « jeunes des cités ». Recensant les divers schèmes théoriques d’interprétation, ce petit livre se propose d’abord de construire un véritable objet sociologique. Et de balayer les clichés médiatiques sur lesquels s’appuient les politiques sécuritaires.
La Sociologie de la délinquance juvénile, Gérard Mauger, La Découverte, « Repères », 128 p., 9,50 euros.

Idées
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L’historienne Michèle Riot-Sarcey a coécrit avec quatre autres chercheur·es la première version de l’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes, alors que le mouvement social de fin 1995 battait son plein. L’historienne revient sur la genèse de ce texte, qui marqua un tournant dans le mouvement social en cours.
Par Olivier Doubre
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Ce texte fut ensuite amendé par certains militants et grandes signatures, en premier lieu celle de Pierre Bourdieu. Mais les cinq rédacteurs de sa première version – qu’a retrouvée Michèle Riot-Sarcey et que nous publions grâce à ses bons soins – se voulaient d’abord une réponse aux soutiens au plan gouvernemental.
Par Olivier Doubre
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Dans Dites-lui que je l’aime, adaptation très libre du livre éponyme de Clémentine Autain, aussi présente dans le film, la réalisatrice rend hommage à des femmes, leurs mères, dans l’incapacité d’exprimer leur amour à leur enfant. Elle explique ici comment elle a construit son film à partir du texte de l’autrice, en qui elle a reconnu un lien de gémellité.
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Le sociologue raconte dans son nouvel essai, Vivre sans police. Du long été au crépuscule d’Exarchia (Agone), la façon dont ce quartier d’Athènes, au cœur de la contestation durant la crise financière grecque, a vécu une décennie sans police à partir de 2008. Il y explore l’évolution du mouvement anti-autoritaire, entre expérimentations politiques et déchirements internes.
Par Pauline Migevant et Olivier Doubre