Polémique sur les risques

Selon les experts indépendants de la Criirad, certains rayonnements issus de la « poubelle » de Soulaines sont deux fois plus importants qu’annoncé par l’Andra.

Christine Tréguier  • 26 février 2009 abonné·es

«Risques inexistants » , répète l’Andra depuis l’ouverture de Soulaines en 1992, sans avancer d’autres preuves que ses propres mesures. Mais, à la suite d’une demande imprévue d’autorisation de rejets, la Criirad s’est penchée sur le site en 2006. Son rapport est sévère. Il y a tromperie sur la marchandise : présenté aux populations comme un site qui « n’effectuerait aucun rejet radioactif dans l’environnement, ni sous forme liquide ni sous forme gazeuse » , il rejette bel et bien des radionucléides type tritium, carbone 14, iode 125 ou iode 131.
Dans l’eau, par vidange des cuves, et dans l’atmosphère, par exemple par la cheminée de l’atelier de compactage. Le rapport épingle ensuite l’insuffisance d’inventaire des substances stockées et des mesures de contrôle de certains rejets alors même que leur autorisation y est soumise.
Pour le responsable de l’étude, Bruno Chareyron, le point noir porte sur le calcul a minima des radiations gamma subies par les riverains. « La réglementation est laxiste, l’astuce utilisée par les exploitants nucléaires est de ne compter ni l’irradiation externe, à la clôture, ni celle du transport. Quand les gens voient un camion avec le logo de la radioactivité, ils devraient savoir qu’il est souhaitable de rester le moins possible à proximité. » Le rapport fait état de radiations supérieures à ce qu’annonce l’Andra, induisant « des risques cancérigènes non négligeables, voire inacceptables » . Pour Michel Gueritte, l’étude épidémiologique lancée en juin en dira plus, mais « un taux de cancer 5 fois plus élevé que la moyenne, ce n’est pas “un agrégat de cas spatio-temporels”, comme dit l’Andra, c’est le cumul Soulaines plus Tchernobyl ».

Écologie
Temps de lecture : 1 minute