Le Hamas contesté

En raison de sa politique de répression au lendemain de la guerre, le mouvement islamique a perdu un capital de sympathie qui s’était accru sous les bombes israéliennes.

Wissam Alhaj  • 16 avril 2009 abonné·es

Pendant la guerre, le Hamas avait gagné auprès de la population une sympathie considérable. Parce que, d’une part, il était du côté des victimes, et d’autre part, il bénéficiait dans l’opinion du mécontentement grandissant face aux prises de position du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Mais, depuis la fin des bombardements israéliens, de nombreux événements ont assombri son image. La sécurité intérieure a exécuté des Palestiniens, et ce au nom « du droit des forces de résistances à éliminer les collaborateurs » , selon la formule du porte-parole du ministère de l’Intérieur. Or, selon des associations des droits de l’homme, ainsi que des forces politiques palestiniennes, de nombreux cas d’exécutions relèvent de règlements de comptes d’ordre politique ou privé. Ces mêmes sources critiquent la poursuite des arrestations de militants soupçonnés de tirer des roquettes sur les villes israéliennes voisines. Un militant du Jihad islamique a ainsi été arrêté par l’appareil de sécurité du Hamas sur le chemin du retour après un combat avec l’armée israélienne à l’est de Khan Younes (sud de la bande de Gaza). Le Jihad islamique a alors riposté par une campagne médiatique contre cette arrestation.

Quant aux militants du Fatah, certains d’entre eux ont dû se réfugier auprès des autres organisations de l’OLP pour échapper à la répression. Cette stratégie du regroupement a contribué à casser la domination du Hamas dans certains secteurs. Notamment, dans le syndicat des travailleurs de l’UNRWA, et ce pour la première fois depuis seize ans. Le bloc de l’OLP a gagné les élections du conseil exécutif du syndicat, qui comprend dix mille membres.
Hassan Chahine, du centre des droits de l’homme Al-Mizan, rapporte que « la position de la population par rapport au Hamas a commencé à changer depuis son arrivée au pouvoir » , mais que, parallèlement, « le Fatah a aussi perdu de la crédibilité, du fait du mécontentement croissant de la population par rapport aux positions de sa direction politique » . Cependant, cette position, selon lui, ne se traduira pas dans l’immédiat par la constitution d’une force de changement qui puisse jouer un rôle d’alternative au pouvoir du Hamas. Le Jihad islamique refuse toujours de se présenter aux élections, considérant que sa lutte prioritaire est la résistance armée. De leurs côtés, les forces de gauche ont formé une coalition, « le Front de gauche » (Front populaire, Front démocratique et Parti du peuple-ex-PC), mais celui-ci n’en est encore qu’à sa phase embryonnaire.

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Gaza, trois mois après
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