Le mirage de la prime

Cinq cents euros seront versés aux chômeurs non indemnisés. Mais sous certaines conditions.

Thierry Brun  • 9 avril 2009 abonné·es

Les nombreux CDD et intérimaires, jeunes précaires travaillant notamment dans la restauration ou dans le secteur de l’automobile, qui ont grossi les chiffres du chômage avant le 1er avril, n’auront pas droit à la « prime forfaitaire de l’État » de 500 euros. Les premières victimes de l’explosion du chômage (90 000 et 80 000 nouvelles inscriptions en janvier et février) ne bénéficieront pas de cette mesure, parmi celles annoncées à la télévision par Nicolas Sarkozy au soir du sommet social du 18 février.
« Un comble à l’heure où les embauches sous forme de contrats à courte durée (CDD, intérim) sont au point mort, les précaires étant, depuis plusieurs mois, les premières victimes de l’explosion du chômage » , relève la CGT. Car seuls ceux qui perdront leur emploi entre le 1er avril 2009 et le 31 mars 2010 sont concernés par cette aumône.

Mais encore faudra-t-il justifier de deux à quatre mois d’activité au cours des 28 mois précédant la perte « involontaire » d’emploi, et ne pas bénéficier du revenu de remplacement versé par l’assurance chômage ou par l’État (allocation spécifique de solidarité, ASS). À ces conditions réunies, le décret officialisant cette prime de 500 euros ajoute que le chômeur dispose d’un délai de six mois pour déposer sa demande. « Cette prime ne sera pas destinée aux jeunes primo-demandeurs d’emploi mais aux personnes ayant travaillé au moins 305 heures dans les 28 derniers mois » , reprend la CGT, qui constate que « la prime risque au final de ne pas concerner grand monde et s’apparente bien à une coquille vide… » Versée en une seule fois, elle n’est pas de nature à soutenir le pouvoir d’achat des plus précaires, alors que moins d’un chômeur sur deux est indemnisé et que la nouvelle convention d’assurance chômage réduit la durée des droits pour ­nombre d’entre eux.

Ce coup de pouce est loin de réduire les effets de la crise, en particulier pour les jeunes, durement frappés par le chômage. L’Élysée a tablé sur 234 000 bénéficiaires, pour un coût de 117 millions d’euros, et a rejeté l’idée d’abaisser à deux mois d’emploi requis, au lieu de quatre, l’indemnisation par l’assurance chômage. Le gouvernement a reculé devant cette mesure qui aurait coûté 610 millions d’euros, selon une estimation de l’Unedic citée par la CGT, alors que 4,5 milliards d’euros ont été consacrés à la défiscalisation des heures supplémentaires.
Les effets d’annonce du sommet social résistent peu à la réalité des besoins des plus précaires, situation que la politique sarkozienne contribue à maintenir.

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