« Sauvez-nous ! »

Les Tamouls de France se sont mobilisés pour sensibiliser la communauté internationale.

Denis Sieffert  • 30 avril 2009 abonné·es

Sous une pluie battante, lundi, ils avaient établi un campement de fortune place de la République en plein cœur de Paris. Après plusieurs soirées passées place des Invalides, les Tamouls de la région parisienne restaient mobilisés pour venir en aide à leurs familles, menacées par l’offensive de l’armée sri-lankaise. Samedi, entre 11 000 et 20 000 Tamouls ont manifesté dans les rues de la capitale. En tête de cortège, deux jeunes gens en fauteuil roulant, précédés d’une banderole : « Grève de la faim jusqu’à la mort ». « Ils ont cessé de s’alimenter depuis onze jours, et leur état se dégrade rapidement » , insistait un porte-parole. Ce qui en dit long sur la détermination de cette population que l’on rencontre ordinairement dans les restaurants – ils sont souvent cuisiniers – ou dans les quartiers du Sentier et surtout de la gare du Nord, où ils sont manutentionnaires. Samedi, un portrait géant de Nicolas Sarkozy dominait la manifestation, surmonté de cet appel : « Monsieur le Président, sauvez-nous de l’enfer ! »

Devant une grande partie de la communauté tamoule (on en recense 70 000 dans toute la France), venue souvent en famille, un des responsables a mis en cause la communauté internationale : « Après 7 000 morts en trois mois, nous avons eu en quatre jours 4 000 civils qui ont péri, et cela continue. Pour l’instant, aucune action concrète permettant d’arrêter le massacre n’a été entreprise. » Dans la foule, la plupart des jeunes gens arboraient des tee-shirts marqués de ces mots : « Stop au génocide des Tamouls ! » Mais la manifestation était surtout dominée par les nombreux drapeaux rouges frappés d’une tête de tigre, celle de la rébellion des Tigres de libération de l’Ealam tamoul (LTTE). Une organisation classée « terroriste » par l’Union européenne. Au milieu du cortège, des manifestants en haillons et aux visages maculés de peinture rouge symbolisant le sang de leur peuple avaient pris place dans une cage. D’autres manifestants, en rangers et treillis, faisaient le geste de les bastonner. Une manifestation aux accents tragiques où les slogans lancés par les voix stridentes des femmes étaient repris par les hommes. Rares, très rares étaient les Européens dans cette foule homogène. Ici, deux drapeaux du NPA marquaient une présence politique. Lundi, au terme d’une nouvelle manifestation, officieuse et improvisée, Marie-George Buffet a demandé dans un message à François Fillon que « la France ne se désintéresse pas de cette tragédie ».

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Un espoir s’est levé avec la victoire de Mamdani à New York »
La Midinale 5 novembre 2025

« Un espoir s’est levé avec la victoire de Mamdani à New York »

Après la victoire du candidat socialiste dans la capitale économique du pays dirigé par Donald Trump, Tristan Cabello, historien spécialiste des Etats-Unis, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
À New York : « J’ai voté pour la première fois aux élections municipales et c’était pour Mamdani »
Reportage 5 novembre 2025 abonné·es

À New York : « J’ai voté pour la première fois aux élections municipales et c’était pour Mamdani »

Le candidat démocrate Zohran Mamdani, inconnu il y a un an, a été élu maire de la plus grande ville des États-Unis, grâce à une forte participation et à une campagne fondée sur les problématiques sociales.
Par Sarah Laurent
La gauche française s’illusionne en croyant être le reflet de Zohran Mamdani
Chronique 5 novembre 2025

La gauche française s’illusionne en croyant être le reflet de Zohran Mamdani

Du Parti socialiste à la France insoumise, les composantes de la gauche française se servent de la victoire du maire de New York pour justifier leur propre stratégie. Un doux rêve, tant une figure comme Zohran Mamdani ne pourrait advenir en France. Voici pourquoi.
Par Fania Noël
Dans l’archipel du Bailique, au Brésil : « Je crois qu’ici, tout va disparaître »
Reportage 3 novembre 2025 abonné·es

Dans l’archipel du Bailique, au Brésil : « Je crois qu’ici, tout va disparaître »

Au nord de Belem où se tient la COP 30, l’archipel du Bailique est en train de disparaître, victime de l’érosion des terres et de la salinisation de l’eau. Une catastrophe environnementale et sociale : les habitant·es désespèrent de pouvoir continuer à habiter leurs terres.
Par Giovanni Simone et Anne Paq