Troubadour

Declan de Barra écrit des chansons profondes sur le monde actuel.

Jacques Vincent  • 9 avril 2009 abonné·es

La guitare égrène lentement ses notes, graves et solitaires comme des gouttes d’eau dans la nuit. Puis la voix arrive. Elle étire douloureusement les mots et évoque Jeff Buckley et Thom Yorke par son engagement total. C’est celle de Declan de Barra sur le premier titre de son second album.
Declan de Barra est né en Irlande du Nord, qu’il a un jour quittée pour essayer de trouver du travail en Australie, pays qu’il a aussi quitté pour reprendre la route. Il se décrit comme un troubadour de guérilla et se situe dans une tradition folk où priment la voix et l’écriture. Cette dernière brille de trouvailles sonores inattendues. Les cloches de « Johanna », que l’on dirait empruntées à Ennio Morricone, en sont un bel exemple, et on attend avec impatience un prochain disque dans lequel il utilisera cet harmonium récemment acheté en Inde. C’est une instrumentation tout à la fois minimale, mesurée et créative. Mais ses chansons, vibrantes et poignantes, Declan de Barra pourrait les chanter seul et à mains nues qu’on serait déjà bouleversé.
Elles disent le monde d’aujourd’hui vu par les laissés-pour-compte, ceux qui n’ont que leurs mains à offrir pour réchauffer un cœur, comme l’avoue un amant à sa bien-aimée, ces mains qui ont contribué à construire les fortunes des puissants, ceux-là mêmes qui les traitent de « citoyens de deuxième zone » . Une des chansons pose ces questions présentes dans toutes les autres : *« Pensez-vous qu’il existe un autre monde ? Pensez-vous qu’il sera aussi cruel ? »
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Culture
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