Héros du jour
Premier volet du journal de Cannes de Christophe Kantcheff – à lire en version longue sur son blog. Cette semaine, Audiard, Guédiguian,
To et Pereda.
dans l’hebdo N° 1053 Acheter ce numéro

Dimanche 17 mai
« Un prophète » de Jacques Audiard ; « l’Armée du crime » de Robert Guédiguian
En scénariste hors pair, Jacques Audiard aime à tracer le parcours de personnages qui ne sont plus, à la fin du film, ce qu’ils étaient au début. Un prophète (en compétition) met en scène Malik (Tahar Rahim), qui entre en prison alors qu’il vient de nulle part, et qui en ressortira, quelques années plus tard, avec « une histoire » et « une identité dans sa communauté » , pour reprendre les mots du cinéaste. Mais, en réalisateur hors pair qu’il est aussi devenu, Jacques Audiard ne se répète pas, invente un nouveau film, renouvelle sa manière. Il instille avec brio des scènes fantasmatiques au sein d’un réalisme intègre. Le cinéaste revendique d’avoir réalisé un film de genre. Si les Américains y excellent, il n’a ici rien à leur envier. Dans l’environnement de tension permanente et d’affrontements de clans qu’est la prison, Un prophète décrit comment Malik va conquérir son autonomie et même y établir son pouvoir, alors qu’il a été contraint, pour survivre, de se mettre sous la protection du parrain corse de la prison, César, interprété par un très convaincant Niels Arestrup. Le film est riche en thématiques,