La grippe mexicaine enfièvre (toujours)les médias et la pub gouvernementale nous prend pour des cons

Comme en 2005, la grippe est d'abord un phénomène médiatique alors que le paludisme tue chaque année un million et demi de personnes et la grippe ordinaire 7 500 en France chaque hiver. Cela n'empêche pas Madame Bachelot de continuer à surfer sur les angoisses qu'elle a inventées. On prépare les Européennes à la mesure de son intelligence politique
Claude-Marie Vadrot  • 1 mai 2009
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La grippe dite porcine, qui est plutôt mexicaine ou nord américaine, continue à faire bien plus de dégâts dans les médias que dans les populations. Elle me fait penser à la grippe aviaire qui, en 2005, fit beaucoup plus de victimes dans les journaux et à la télé que dans la réalité : un pneumologue de la Pitié-Salpêtrière à Paris, devenu « consultant » mais on ne sait d’ailleurs pas de quoi, nous avait annoncé, livre-brulot en main, qu’elle nous promettait 500 000 morts. Depuis quatre ans, elle a entraîné un peu plus de 200 décès dans les pays les plus pauvres, là où se soigner reste un luxe. Ce qui est évidemment de trop mais largement inférieur au nombre de victimes, quelques milliers chaque année en France, de la grippe ordinaire.
De toute façon, comme à chaque alerte, de Tchernobyl à la vache folle en passant par le poulet à la dioxine, nos élites politiques campent sur les frontières. Roselyne Bachelot, notre vigie ministérielle et pharmacienne, est aux commandes, énumérant à la fois les « dangers » et les bonnes raisons de ne pas nous inquiéter. Avec un slogan aussi ancien que révélateur : « elle ne passera pas ». Ce qui, au passage permet de faire passer au second plan une « loi hôpital » qui se fout de la charité puisque son objectif mal avouée est de soigner les plus riches en priorité, ce qui permettra aux nouveaux directeurs hospitaliers d’afficher les résultats positifs que ces benêts de médecins, encore plus attachés à la bonne santé de la population qu’à la bonne santé des comptes hospitaliers ne sont parait-il pas fichus de garantir. Mais, sans doute parce qu’on ne sait jamais avec les gauchistes libertaires, la ministre de l’Intérieur a été chargée de veiller sur nos toux. En oubliant provisoirement que cagoules et foulards en voie d’interdiction permettent d’éviter de cracher des virus sur son voisin. Insoutenable contradiction qui aurait du amener l’interdiction des manifestations du 1er mai susceptibles de propager d’autre virus….
Les chiffres poursuivent leur valse au hasard des dépêches, entre nombre de victimes, cas suspects et cas « presque avérés » et fantasmes nationaux enfiévrés d’arrière pensées électorales. Avec des commentateurs qui oublient que, chaque année l’épidémie hivernale de grippe entraîne dans le monde (chiffre de l’Organisation Mondiale de la santé), entre 300 000 et 500 000 morts. Et en France la moyenne des décès pour cause de grippe, malgré les campagnes de vaccination, tourne autour de 7500.
Et faut-il rappeler que le paludisme tue chaque année environ un million et demie de personnes, essentiellement dans les pays du Sud.
L’alerte délirante à la grippe mexicaine, comme la grippe aviaire, illustre la façon dont sont entretenues nos angoisses. Et la publicité radio et télévisée du gouvernement s’efforce de nous prendre pour des débiles profonds en occupant les ondes et les écrans sur les mille et une façon de nous moucher. En attendant que la réalité mouche à nouveau ce pouvoir qui ne sait jouer que sur les peurs. A quand les caméras de vidéo-surveillance pour nous rappeler à l’ordre sanitaire?

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