Le papillon qui terrorise la Côte d’Azur

L’engouement pour les arbres ornementaux originaux a permis la prolifération d’un papillon ravageur, importé d’Argentine, dont la larve ronge les palmiers jusqu’à les tuer.

Patrick Piro  • 14 mai 2009 abonné·es

Des palmiers exotiques sous des latitudes tempérées, c’est chic. Depuis plus d’une décennie, les butias ou les trithrinax, bien adaptés à nos frimas, ont la cote sur le pourtour méditerranéen. Mais comme ils poussent très lentement, et que les municipalités, jardins publics, particuliers, etc. n’ont guère la patience d’attendre que poussent les graines, on importe des arbres de 10 à 20 ans d’âge. La mauvaise surprise a été détectée à Hyères en 2001 : dans des ramures nord-argentines, résidait paysandisia , un papillon dont la larve colonise le cœur de l’arbre. Les feuilles se déforment, le bois pourrit, et le palmier peut périr en quatre ans.

Et la larve se plaît sur la Côte d’Azur, au point qu’elle infeste aujourd’hui vingt espèces, dont plusieurs endémiques, ainsi que le dattier nord-africain. Paysandisia s’est rapidement propagé, aidé par le commerce horticole. À Montpellier dès 2002 – où 90 % des palmiers ont péri ! –, il est désormais signalé en Angleterre, en Suisse et en Belgique. « La situation est hors de contrôle » , estime Jean-Benoît Peltier, chargé de recherche à l’Inra de Montpellier. Car les autorités tergiversent depuis des années. Il aurait fallu imposer la destruction de nombreux arbres (toujours délicat) ou des traitements, hélas insatisfaisants (et comment contrôler ?) : le seul produit chimique efficace est interdit, car trop toxique. Mais certains ne se gênent pas pour l’acheter en Espagne, où il reste en vente libre. Quant aux pesticides autorisés, seules les surdoses viennent à bout des larves adultes. Reste un traitement biologique (à base de spores), mais coûteux et fastidieux, et surtout l’application d’une glu, mise au point par Jean-Benoît Peltier, mais pas encore sur le marché.

En attendant, les palmiers ont continué à circuler. La mise sous quarantaine des importations, procédure lourde, est rejetée par la profession. « L’alternative, relève Laurence Ollivier, chercheuse au Cirad de Montpellier, pourrait encore être de planter des essences méditerranéennes comme le tamaris, le platane, le cyprès, l’olivier de Bohème et le pin. » En Argentine, son environnement d’origine, paysandisia reste naturellement sous contrôle. Mais les chercheurs n’ont pas la recette de cet équilibre.

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