En Iran, Twitter sert enfin à quelque chose

Le réseau Twitter est devenu en quelques jours un canal d’information primordial en Iran. Exemple avec les messages de « persiankiwi », postés quasiment en continu depuis le coeur des manifestations.

Xavier Frison  • 18 juin 2009 abonné·es
En Iran, Twitter sert enfin à quelque chose

Avant d’en parler, il n’est pas inutile de le définir : Twitter est un réseau dit « de socialisation », accessible depuis un ordinateur ou un téléphone portable, qui permet à ses utilisateurs d’envoyer de courts messages de 140 caractères maximum à toutes les personnes abonnées à leurs flux, c’est-à-dire désireuses de recevoir les messages d’une personne donnée. Une sorte de super-SMS publics ou de mini-blogs simplifiés, à alimenter et à consulter partout, à tout moment, et dont le but affiché est de répondre à la question « Que faîtes-vous en ce moment ? ». Dans les faits, l’essentiel des messages envoyés par les usagers à leur « public » n’a aucun intérêt : « Beau temps, le barbecue s’annonce bien », « Je ne supporte plus ma belle-mère » sont le type de messages qui transitent habituellement sur Twitter, créé il y a deux ans aux Etats-Unis.

Mais, depuis le début des manifestations en Iran, au lendemain des résultats controversés de l’élection présidentielle, Twitter a enfin trouvé une raison d’être : c’est par ce biais, en temps réel, sans intermédiaire ni filtre, que s’exprime la rue iranienne, à tout le moins les jeunes, principaux opposants à Mahmoud Ahmadinejad. Surveillés dans les cortèges par des policiers en civils au gourdin facile, les manifestants doivent aussi composer avec le musèlement de la presse (diffusion de chaînes étrangères brouillées, interdiction aux journalistes de travailler, etc.). Frustrante, la censure est surtout dangereuse pour les opposants au président, qui comptent sur l’oeil de la communauté internationale pour espérer éviter une répression aveugle et totale des forces de l’ordre.

Illustration - En Iran, Twitter sert enfin à quelque chose

Parmi ces informateurs d’un nouveau genre, on peut citer persiankiwi, un Iranien supporter de Moussavi dont les messages en direct des manifestations sont suivi par près de 28 000 personnes. Au moment même où nous rédigions cet article, persiankiwi envoyait cette missive : « Today Sea of Green will wear black in respect of those who have been killed by Gov » ( « Aujourd’hui la « Marée verte » portera du noir en hommage à ceux qui ont été tués par le gouvernement » ). Parmi les autres messages postés ces douze dernières heures : « Le gouvernement a définitivement fermé les communications vers l’étranger et interdit la couverture des évènements par la presse étrangère » . « Ils battent des gens dans la rue, sans raison » . « Les autorités disent que nous sommes violents. Nous vous montrons tous les jours que nous sommes pacifistes » . « Qu’est-ce qu’un président sans pays ? » Pas sûr que la réponse tienne en 140 caractère.

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