Grenelle de l’amer

La concertation nationale montre des avancées,
mais pas au chapitre des engagements.

Patrick Piro  • 18 juin 2009 abonné·es

Le Grenelle de la mer vient de faire surface : la semaine dernière, les propositions de ses quatre groupes de travail ont été rendues publiques après trois mois et demi de travail discret. Jusqu’au 24 juin, les Français sont désormais appelés à participer à la phase de concertation, qui comprendra 18 réunions régionales et des forums de discussion sur Internet, avant une table ronde finale – début juillet probablement –, où le gouvernement tranchera.

La « méthode Grenelle » déroule des étapes convenues, mais comporte quelques vertus indéniables. Les associations écologistes se félicitent ainsi globalement du dialogue entre des acteurs qui travaillent rarement en commun, et du large déballage de problématiques souvent isolées.
Pollutions, menaces sur les poissons et la biodiversité, urbanisation du littoral, dérèglement climatique, conflits d’usage, etc. : la mer va mal de partout, et il y a urgence, le consensus est général. Même si, « comme d’habitude, il n’a pas été possible de partir d’un constat rigoureux des causes de la situation existante, de nombreuses pistes ont pu être ouvertes » , estime France nature environnement (FNE). Greenpeace relève pour sa part « de réelles avancées », avec une volonté de décloisonner les problèmes : gestion intégrée des zones marines et côtières, politiques cohérentes à l’échelle des écosystèmes (façades maritimes, mers régionales, etc.), la protection d’aires maritimes, la gestion des ressources de la mer, ou l’assainissement des eaux des collectivités.

Les associations saluent en particulier l’attention portée à l’Outremer. Alors que la France possède le deuxième domaine maritime au monde, le gouvernement se remémore qu’il le doit à 97 % à ses DOM-TOM, dispersés sur tous les océans du globe. La cartographie officielle, muette en temps ordinaires, n’omet pas de les signaler, et sept des réunions de concertation se tiendront hors métropole. Après la crise sociale qui a échauffé les DOM au début de l’année, ce Grenelle offre opportunément l’occasion au gouvernement de leur témoigner un peu d’attention.
Mais, au-delà de la clarification de quelques enjeux, c’est pourtant un sentiment bien mitigé qui se dégage de cette concertation, qui laisse augurer une fin en eau de boudin : il reste des divergences de fond sur la régulation des activités humaines, et c’est toujours le flou sur des objectifs centraux (quelle proportion du domaine maritime protégé ?), le calendrier, ainsi que sur les moyens. « Nous n’avons pas le sentiment que les mesures seront à la hauteur des enjeux » , redoute FNE, comme s’il s’agissait de préparer les écologistes à l’immanquable déception.

Écologie
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