La Chine
dans l’hebdo N° 1058 Acheter ce numéro
En 1972, au lendemain de la Révolution culturelle, Michelangelo Antonioni est invité par le gouvernement chinois à tourner un documentaire. Le cinéaste italien ne disposera que de trois semaines, et ne sera jamais libre
de ses mouvements. Il revient pourtant avec un film de 3 h 30, la Chine , qui constitue aujourd’hui un passionnant document, mais qui, à l’époque, fut mal reçu aussi bien en Chine qu’en Europe. En Chine, le film fut accusé par les responsables politiques de « salir »
la nouvelle Chine socialiste et de ne pas avoir fait les plans glorificateurs attendus. Ce qui n’est pas faux, puisqu’Antonioni s’attarde davantage sur les Chinois, leurs visages et leurs gestes, que sur les « grandes » réalisations du régime. Le film y sera censuré jusqu’en 2004. En Europe, alors que la Révolution culturelle chinoise était saluée par beaucoup comme une heureuse nouvelle et peut-être le modèle à suivre, le film fut décrié pour sa trop grande neutralité.
Une critique qui paraît étonnante aujourd’hui, où l’on serait plutôt irrité par le commentaire naïf de la voix off, qui oublie souvent de prendre ses distances par rapport aux prétendues avancées dont bénéficient les habitants. Reste, cependant, une vision rare de la Chine de cette époque, très quadrillée et pourtant très vivante, de la part d’un cinéaste qui, quoi qu’il en soit, a conscience de la subjectivité de son regard.
Le double DVD édité par Carlotta films propose deux suppléments avec Carlo di Carlo, spécialiste de l’œuvre d’Antonioni, et le journaliste Pierre Haski, qui connaît bien cette période de l’histoire chinoise.
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