EDF nous refile la facture du nucléaire

Le PDG d’EDF demande à l’État une hausse de 20 % des tarifs de l’électricité. Pourquoi un tel besoin d’argent ? Les investissements nucléaires coûtent très cher.

Thierry Brun  • 17 juillet 2009 abonné·es

Peu importe la crise financière, si l’on en croit Pierre Gadonneix. Le PDG d’EDF s’est adressé par médias interposés à l’État, son principal actionnaire, pour demander une hausse de 20 % des tarifs de l’électricité, «  qui peut s’étaler sur trois ans » , a proposé, bon prince, le dirigeant. De quoi affoler les ménages, puisque ce vœu intervient après une hausse de 2 %, qui remonte au mois d’août 2008, et un emprunt à peine clos qui a permis de collecter 3,2 milliards d’euros.
En fait, le besoin financier d’EDF est en partie dû aux investissements hasardeux effectués en Grande-Bretagne et aux États-Unis, ont souligné les syndicats de l’électricien. EDF a racheté au prix fort British Energy fin 2008 en déboursant 15 milliards d’euros. À la même période, le groupe s’est aussi lancé dans le rachat des activités nucléaires de l’électricien américain Constellation, pour 5 milliards d’euros. L’endettement, que le groupe cherche à réduire à travers un programme de cessions, s’élevait à 24,5 milliards d’euros à fin 2008.

Le réseau d’associations Sortir du nucléaire estime qu’EDF cherche à ­obtenir une hausse des tarifs de l’électricité pour «  une tentative de renflouement » de l’entreprise, «  menacée par un crash industriel et financier comparable […] à celui d’Airbus en 2006 » . Le réseau affirme que « le parc nucléaire français et le chantier du réacteur EPR plombent aussi les finances d’EDF » . Et de citer les « lourdes sommes » que l’électricien doit consacrer aux réacteurs « en mauvais état ». Mais le PDG d’EDF n’a sans doute pas voulu effrayer les usagers et les investisseurs avec le coût réel du nucléaire.

Temps de lecture : 1 minute