Ils sont très forts !

Staff Benda Bilili renouvelle la rumba congolaise avec un son inouï.

Denis Constant-Martin  • 2 juillet 2009 abonné·es

Au premier abord, la musique de Staff Benda Bilili ressemble à celle des orchestres qui perpétuent les formes congolaises de la rumba. Pourtant, celui-ci ne sonne pas comme les autres. Les percussions sont mates, la basse est épaisse, et les guitares, plus moelleuses qu’à l’ordinaire. Surtout, l’auditeur de Très très fort est captivé par des mélodies et des contrepoints venus de très loin dans l’aigu, en étranges sons longs ou en accents incisifs. Ils sont produits par le satongué , inventé par le plus jeune membre du groupe, Roger Landu, et constitué d’une corde tendue entre une boîte de conserve et un manche arqué.
Ce satongué est dérivé d’instruments ruraux plus anciens, dont le principe a été adapté à une société de survie urbaine dotée depuis les années 1950 d’une culture musicale originale. C’est donc d’abord parce qu’il est composé de musiciens exceptionnels qu’il faut écouter Staff Benda Bilili. C’est à partir de là que doit être fait le lien entre la qualité de leur musique et leur condition sociale : presque tous sont handicapés, tous sont pauvres ; ils vivent de leur art et de petits boulots. Ils incarnent l’énergie et l’inventivité des millions de déshérités qui survivent dans les villes africaines. Pour cela, comme pour le plaisir qu’ils nous donnent, ils méritent le respect.

Culture
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