Citoyens, engagez-vous !

La rentrée est le meilleur moment pour s’engager dans une action bénévole. L’association Espace bénévolat aide les candidats à dénicher la mission qui leur convient.

Xavier Frison  • 3 septembre 2009 abonné·es
Citoyens, engagez-vous !
© Espace bénévolat : , 08 21 21 08 08. Trois jours du bénévolat : du 16 au 18 septembre, midi-19h, au 130, rue des Poissonniers, 75018 Paris (métro Marcadet-Poissonniers).

La France cultive un paradoxe. Si son président érige l’individualisme forcené et l’argent en art de vivre, elle compte aussi 14 millions de bénévoles qui donnent leur temps, leurs compétences et leur énergie sans contrepartie financière. Même la crise ne douche pas l’enthousiasme de cette armée des braves. « Au contraire, juge Marie-Claire Durussel, chef de projet « Cœurs à lire » (alphabétisation/accompagnement scolaire) de l’association Espace bénévolat. On voit arriver de plus en plus de quinquagénaires qui ne veulent pas se retrouver sans activité du jour au lendemain une fois à la retraite. Et puis, surtout, il y a de plus en plus de jeunes qui nous disent : “J’ai un travail alimentaire, je voudrais faire quelque chose d’utile et d’intéressant.” »

La bonne volonté des candidats ne suffit pas toujours. Encore faut-il savoir où s’adresser pour trouver la structure correspondant à ses envies et la mission idoine. C’est le rôle premier d’Espace bénévolat, qui cherche à « mettre en relation les citoyens avec l’association dans laquelle ils vont pouvoir s’épanouir » . Dans cette optique, l’Espace organise du 16 au 18 septembre les « Trois Jours du bénévolat » dans ses locaux parisiens du XVIIIe arrondissement. Au cours de ces portes ouvertes, les membres de l’association et six grandes structures partenaires recevront le public. « Habitat et humanisme, le Secours catholique, la Croix-Rouge et ­d’autres seront présents pour accueillir, conseiller et orienter les gens, précise Indira Gujabidzé, en charge de l’organisation de l’événement. À la rentrée, c’est le bon moment pour s’engager dans le bénévolat : les associations commencent leurs nouvelles missions et ont besoin de gens motivés pour les lancer et les accompagner, sur toute l’année ou pour des durées plus courtes. »

Le choix est vaste. Environ 4 500 missions issues de 800 associations, des plus grandes aux plus modestes, attendent les bonnes volontés sur le site Internet d’Espace bénévolat. Dans quasiment tous les domaines : accompagnement de handicapés, gestion financière, visites en prison, enseignement-formation, travaux manuels, conseils juridiques, informatique, communication, tout est possible ou presque. À la condition expresse de s’engager dans une structure à but non lucratif. « Nous étudions de près chaque dossier d’association pour ne référencer que des organisations saines. Nous faisons par exemple attention à ce qu’elles n’aient pas une activité exclusivement à but lucratif » , détaille Marie-Claire Durussel. Une façon de répondre aux détracteurs du bénévolat, qui y voient un moyen facile et moralement correct de substituer de la main-d’œuvre gratuite à des stagiaires rémunérés, voire à des salariés. « Je ne crois pas qu’il y ait une lutte entre bénévoles et salariés, rétorque Marie-Claire Durussel. Les deux sont nécessaires : le secteur associatif a besoin de salariés pour encadrer les bénévoles. Bien sûr, il pourrait y avoir plus de salariés dans les associations, mais ces dernières éprouvent de plus en plus de difficultés à créer des postes stables, faute de financements pérennes. »

Espace bénévolat ne se contente pas de mettre en relations associations et bonnes volontés. L’organisation accompagne aussi les candidats dans leurs démarches de « validation des acquis de l’expérience bénévole ». Né de la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, qui reconnaît les acquis de l’expérience associative au même titre que l’expérience professionnelle, ce dispositif est encore trop peu connu du public. Pourtant, ils sont nombreux à avoir développé des compétences et des savoir-faire dans l’exercice d’une activité bénévole. Faire reconnaître cette expérience associative peut permettre de retrouver un emploi, d’envisager une reconversion professionnelle, de reprendre des études, de suivre une formation ou de bénéficier d’une reconnaissance officielle de ses compétences. Pas inutile. Le conseil en management aux associations fait aussi partie des activités d’Espace bénévolat : « Beaucoup d’associations travaillent de manière isolée et éprouvent parfois des difficultés structurelles, explique Marie-Claire Durussel. Nous leur proposons une sorte de mini-audit, analysons les résultats avec elles et émettons des solutions. » Si le service est payant, il est à des années-lumière des tarifs pratiqués par les sociétés de conseil, qui n’entendent souvent rien au secteur associatif.
Née de la fusion de trois associations parisiennes en 2004, la jeune Espace bénévolat, deux salariés et 67 bénévoles, a conscience d’être encore trop centralisée : « On ne prétend pas pouvoir faire ce qu’on fait à l’échelle nationale, mais nous commençons à ouvrir des relais sur le territoire. Nous essayons de vendre notre concept à des collectivités locales ou des villes » , révèle Marie-Claire Durussel. Une cinquantaine d’administrations se sont déjà laissé convaincre, comme le département du Val-d’Oise ou la ville de Mulhouse, en Alsace. La solidarité gagne du terrain.

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