Quatre tendances qui ne disent pas leur nom

Michel Soudais  • 10 septembre 2009 abonné·es

Les fondamentalistes

Plusieurs groupes, rassemblés sur le texte alternatif « Faire vivre et renforcer le PCF », approuvé par 24 % des communistes lors de la préparation du 34e congrès l’an dernier, contribuent à maintenir au sein des communistes un authentique courant fondamentaliste. On y trouve aussi bien la Gauche communiste de Jean-Jacques Karman, conseiller général d’Aubervilliers, qui, sous l’influence de Rosa Luxemburg, prône une sorte de retour à un bolchevisme pur d’avant 1921 où les fractions seraient autorisées, que des responsables engagés dans les Rouges vifs ou au sein du Pôle de renaissance communiste en France, comme Emmanuel Dang Tran, secrétaire de la section parisienne du XVe arrondissement, ou encore André Gérin.
Ce dernier est parvenu à fédérer ces courants épars et assez marginaux autour de trois ciments essentiels : le refus de toute refondation et de toute nouvelle alliance structurelle à la gauche du PS, celles-ci ne pouvant aboutir qu’à une dissolution du PCF ; une commune détestation de la direction du Parti, stigmatisée comme un ventre mou ; et la croyance en la supériorité intrinsèque du PCF. Ce réseau s’est réuni fin août à Saint-Chinian pour une université d’été concurrente de celle du PCF.

Les nostalgiques

Plus homogène, ce groupe dont le chef de file est Nicolas Marchand, cadre de la fédération du Val-de-Marne, cultive la nostalgie de la fin des seventies , époque où Georges Marchais avait rompu avec le ­programme commun et l’union de la gauche. Structuré en un réseau « Action novation révolution », il comprend deux branches fondatrices : une partie de l’appareil « marchaisien », dont Nicolas Marchand est issu, tout comme Richard Sanchez, secrétaire fédéral des Pyrénées-Orientales ; et ce qu’il reste de la section économique du parti, avec Paul Boccara ou Yves Dimicoli. Convaincus que le PCF est la seule offre valable sur le marché politique, ils tiennent toutes les autres alternatives pour insuffisamment critiques (mouvements sociaux, Attac) ou sectaires (NPA). Et refusent de privilégier la gauche de la gauche plutôt que le PS, ce qui les conduit parfois, comme en ce moment, à faire preuve d’une curieuse bienveillance à l’égard de ce dernier.

Les transformateurs

Ils ont pour la plupart accédé aux responsabilités à la faveur de « la mutation » initiée par Robert Hue, et continuent d’y croire. Ce qui les a conduits à plaider pour une « métamorphose » du PCF, lors du 34e congrès. Une transformation plus profonde que celle, très vague, prônée par la direction, puisque ces « transformateurs » authentiques, dont les figures de prou sont Marie-Pierre Vieu, responsable fédérale des Hautes-Pyrénées, Daniel Brunel, vice-président de la région Île-de-France, Pierre Mansat, adjoint à Paris, Gérald Briant ou Dominique Grador, ex-présidente du conseil national, ne sont pas hostiles à ce que celle-ci aboutisse à un dépassement du PCF. Plutôt sous la forme d’une refondation pour les uns, d’un nouveau parti de gauche façon Die Linke pour les autres. Ces options et leurs variantes coexistent en bons termes dans un réseau qui refuse de se scléroser et fait assez naturellement front commun avec les unitaires sur les questions de démocratie et sur la nature du rassemblement à opérer à gauche.

Les orphelins

Les « huistes » sont en voie de disparition des instances nationales. Orphelins d’un leader depuis que l’ancien secrétaire national a fondé son association, le Nouvel Espace progressiste (NEP), fort de la conviction que le PCF n’était « plus réformable » , ils ne comptent plus qu’une représentante au comité exécutif national, Fabienne Pourre. Inspirés par Pierre Blotin (ex-numéro deux, en retraite) et Daniel Cirera, membre du CN, ils continuent de s’inscrire dans une union de la gauche classique et ne se reconnaissent pas dans l’engagement de leur ancien patron en faveur d’un « compromis historique » avec le MoDem. Néanmoins, comme leurs élus régionaux, ils minimisent l’évolution du PS. Leur ultime protection.

Temps de lecture : 3 minutes