Un homme face au fracas
Dans un journal qu’il a tenu durant un an, Jacques-Henri Michot pointe les actes
de violence, physique
et symbolique, de notre époque.
dans l’hebdo N° 1067 Acheter ce numéro

« Combien de délations sous le régime de Vichy et dans la France de 2008 l’État et sa police entreprennent de peaufiner des techniques permettant la délation sans risque. » Cette réflexion, Jacques-Henri Michot l’a écrite sous la date du 20 juillet, dans le journal, ou la « chronique » , qu’il a tenu du 29 avril au 28 octobre 2008, puis, plus irrégulièrement, jusqu’au printemps 2009, publié aujourd’hui sous le beau titre Comme un fracas. Comparaison, est-ce raison ? Un an plus tard, on constate que la dénonciation de personnes sans papiers a fâcheusement tendance à se généraliser. Jacques-Henri Michot a beau être un homme en colère (une colère plus rentrée qu’explosive, d’ailleurs, bien qu’il lui arrive d’avouer écrire « la rage au cœur » ), il ne cultive pas forcément l’exagération. Il insiste au contraire sur son goût prononcé pour la précision, et son livre n’a ni le ton ni la forme du pamphlet. Mais Jacques-Henri Michot est attentif aux actes de violence physique et symbolique, aux brutalités de tous ordres et de tout temps, au « fracas » du monde, qu’il enregistre tel un sismographe doué de