Dans la ville rouge

Une flânerie poétique, politique et onirique à Bologne.

Christophe Kantcheff  • 8 octobre 2009 abonné·es

La tenda est le nom du store qui protège de la lumière chaque fenêtre des appartements de Bologne. Toutes les tende sont rouges. Comme la brique des bâtiments historiques de la ville. Comme l’ont été, pendant un demi-siècle, ses édiles – communistes.
La Tenda rouge de Bologne , court texte de John Berger composé de fragments agrémentés de dessins de Paul Davis, est d’abord un hommage que le narrateur rend à l’un de ses oncles, venu habiter chez ses parents quand il était petit garçon. Il l’a beaucoup aimé, d’autant que, ne lui donnant pas d’âge, il pouvait l’aimer comme un « égal ».

Après avoir ravivé le souvenir de cet homme singulier et toujours surprenant, grand lecteur, épistolier passionné et voyageur, décédé en 1972, le narrateur décrit une de ses flâneries dans Bologne, qui l’a amené à acheter une tenda. Il n’a jamais visité la ville avec son oncle, mais son rouge les a tous deux fascinés. « Bologne, ville improbable – comme s’il était possible de la traverser après sa mort » , dit-il.

Il semble que ce soit possible, en effet, du moins en songe. C’est ce que raconte la Tenda rouge de Bologne  : la dernière rencontre, rêvée et post-mortem, du narrateur et de son oncle, ou de son fantôme, sous l’une des nombreuses arcades de la ville, selon une mise en scène magnifique. Son oncle lui parle alors de ce qui relie les martyrs, partisans antifascistes dont les portraits sont exposés dans les rues, à l’art de vivre. Le moment est à la fois poétique, politique, onirique. Et inoubliable.

Culture
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