De quels droits ? / Les menteurs du développement durable

Christine Tréguier  • 22 octobre 2009 abonné·es

À l’instar des Big Brother Awards, qui sanctionnent les adeptes
du contrôle et de la surveillance, les prix Pinocchio dénoncent
les faux discours autour du développement durable. C’est la très sérieuse association les Amis de la terre qui est à l’initiative de ces prix parodiques. Elle travaille pour l’occasion en partenariat avec Peuples solidaires. À l’origine de la manifestation, un constat qui n’a vraisemblablement échappé à personne : depuis que la nécessité d’un développement durable s’est imposée, ce terme n’a cessé d’être galvaudé. « De nombreux acteurs, dont certaines entreprises françaises figurant parfois parmi les plus puissantes au monde, l’ont malheureusement récupéré à des fins purement cosmétiques, peut-on lire sur la page d’accueil du site. Un discours engagé sur le développement durable est ainsi souvent utilisé pour masquer les impacts réels de leurs activités, tout en améliorant leur image auprès des clients et actionnaires. »

Pour les Amis de la terre, l’autorégulation ne suffit pas. « Au niveau international, les multinationales profitent de vides législatifs pour mener leurs activités au détriment du respect des droits sociaux et sociétaux, ou de l’environnement dans les pays du Sud. » Nombre d’acteurs de la société civile réclament donc « la mise en place d’un cadre juridique contraignant au niveau international, afin d’obliger les entreprises à assumer leurs responsabilités ».
En attendant, les prix Pinocchio permettent
de sensibiliser l’opinion publique sur le décalage entre les beaux discours et la réalité des actes
de ces entreprises qui affichent vertueusement
leur souci de l’environnement.

Le public est invité à voter pour les lauréats des trois trophées qui seront publiquement remis
le 24 novembre à Paris. Parmi les prétendants
au prix Pinocchio Environnement récompensant les impacts environnementaux les plus lourds, Areva (primée en 2008), Total, mais aussi deux banques, BNP Paribas et la Société générale. Celles-ci se sont fait remarquer pour leurs investissements respectifs dans le projet gazier russe de Sakhaline, qui menace la survie des dernières baleines grises, et dans Vedanta Ressources, une multinationale minière anglaise exploitant des mines de bauxite en Inde et plusieurs fois condamnée pour pollutions graves.

Les nominés au Pinocchio Greenwashing pour la campagne
de communication la plus abusive et trompeuse ne sont pas mal
non plus. EDF se fait épingler pour sa campagne « Changer d’énergie ensemble ». Celle-ci a coûté la bagatelle de 10 millions d’euros alors
que le budget effectivement consacré aux recherches sur les énergies renouvelables en 2008 était de 8,9 millions d’euros (2,1 % du budget de recherche total). Peugeot se distingue par sa publicité incitant
le Réunionnais à acheter une voiture pour « respecter son île »,
et France Betteraves par les arguments inexacts, voire mensongers, vantant les bienfaits de son éthanol. Le dernier prix, le Pinocchio Droits humains, récompense les atteintes directes aux populations résultant des activités industrielles.
Ne reste plus qu’à voter sur le site pour les meilleurs d’entre eux !

http://www.prix-pinocchio.org

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