SélectionTV/Radio

Jean-Claude Renard  • 8 octobre 2009 abonné·es

RADIO

La lutte de RFI récompensée

Après neuf mois de lutte, la plus longue dans l’histoire de l’audiovisuel public, contre un plan social prévoyant la suppression de 206 emplois (un quart des effectifs !), les salariés de RFI ont vu leur combat reconnu par la Cour d’appel de Paris. Celle-ci vient d’ordonner « la suspension des consultations en cours au comité d’entreprise et la mise en conformité du plan social avec les obligations légales auxquelles la direction n’a cessé de se soustraire » , indique le Syndicat national des Journalistes (SNJ). Si, depuis la rentrée, la mobilisation a été moins importante, la détermination contre une réforme sans justification se trouve ainsi récompensée.

TÉLÉVISION

Dimanche 11 octobre

La Deuxième Guerre mondiale en couleur

France 5, 21 h 25

Si quelques-uns avaient des doutes sur les hausses d’audience redevables à la colorisation de documents, cette série documentaire en treize épisodes en est encore un bel exemple. Après le succès d’ Apocalypse , sur France 2, qui a rassemblé pour son dernier volet près de 8 millions de téléspectateurs, la Deuxième Guerre mondiale en couleur , sur France 5, connaît également un succès de taille : 674 000 téléspectateurs en moyenne, et un pic à 900 000 dimanche 27 septembre. Soit un record pour la chaîne.

Je ne voudrais pas être un homme

France 3, 0 h 20

Un film muet rarement diffusé d’Ernst Lubitsch, réalisé dans sa période allemande, en 1918. Une comédie avec l’identité sexuelle pour toile de fond.

Les Héritiers

Arte, 1 h 05

Dans les campagnes mexicaines, au bétail et à la récolte des légumes, le travail quotidien des enfants pour survivre. L’histoire d’une pauvreté en héritage, filmée (à hauteur d’enfant) par Eugenio Polgovsky.

Mardi 13 octobre

Le Dessous des cartes

Arte, 0 h 05

La réduction de la pauvreté, un meilleur accès aux soins, l’école pour tous. Autant d’objectifs du millénaire pour 2015. Cartes à l’appui, Jean-Christophe Victor répond à ce qui apparaît, a priori , comme une utopie.

Jeudi 15 octobre

Nos années 1980 : les cabossées

France 2, deuxième partie de soirée

Au-dessus de son piano, Barbara chante « la fête retrouvée » et les « espoirs » soulevés par l’élection de François Mitterrand. Les années 1980 s’entament avec un an de retard, le 10 mai 1981. Le parcours élyséen grimpe d’emblée au Panthéon. Dès le lendemain, un milliard de francs quittent l’Hexagone. Assis sur son magot, le pouvoir économique a les foies. Ça n’empêche pas les radios libres de s’emballer. Le bonheur est sur le toit. Pas moins de cent cinquante radios FM crépitent à Paris. Certaines se font l’écho d’une décision de taille : l’Assemblée abroge l’article 12 du code pénal qui stipulait, depuis 1791 : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée. » Promesse tenue (sûrement pas la plus facile des 110 propositions, contre l’opinion publique). Avant le cumul des revers et déceptions, illustrés par la dégringolade du franc, comme le rappellent Alain Moreau et Patrick Cabouat dans ce nouvel opus du décryptage des dernières décennies, toujours nourri d’images d’archives, après 1945, France, année zéro, l e Roman des années 1950 , les Mythologiques  (1960) et l es Insouciantes  (1970).

Argent facile, qu’on dit, dans ces années 1980. Pas pour tout le monde. Loin de la Bourse, côté banlieue, écopant du béton, cette décennie va payer au prix fort les errements des précédentes, avec son poids de racisme, de chômage et de violences. Dreux est une répétition générale : le PS est battu par une alliance RPR et Front national. Une première marche s’organise, pour l’égalité et contre le racisme. Elle converge vers la capitale, traverse un pays qui n’est pas tout entier xénophobe. À l’est, la Lorraine crève dans la maigre besogne, à l’image d’une économie qui s’enfonce dans la mistoufle, portée par ses hérauts : le 22 février 1984, sur Antenne 2, Yves Montand se prête au jeu cynique d’un docufiction avant l’heure avec « Vive la crise ». À la mondialisation économique répond le tout-caritatif. On chante pour l’Éthiopie, plus tard pour la Somalie. Canal + ouvre son bal le 4 novembre 1984, partagé entre l’irrévérence, le cinéma, le foot et le foutre. L’audimat commence à prévaloir sur les programmes. Dehors, et sans la télé, le SDF se réduit à trois lettres, le sida balbutie deux syllabes. Au chaud, Bernard Tapie ramasse les entreprises en difficulté, qu’il dépèce pour en céder les restes. À  « regarder de près, commentent les auteurs, c es années 1980 sont un emballage publicitaire gueulard qui chante les mérites d’une révolution conservatrice, magnifiant les nantis, quand les pauvres meurent dans la rue ».

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