Ouvert à tous les sons

Une superbe anthologie témoigne de la richesse et de la diversité des musiques traditionnelles de France.

Denis Constant-Martin  • 5 novembre 2009 abonné·es

Avant l’irruption de la radio, du disque et de la télévision, sans même parler de l’Internet, il n’était pas de moments de la vie sociale, en France comme ailleurs, qui n’étaient accompagnés de musique. Longtemps méprisées, les manifestations de la créativité populaire ont commencé à susciter l’intérêt au XIXe siècle, puis sont devenues un objet d’études au XXe siècle. La Phonothèque nationale, le musée des Arts et traditions populaires, d’innombrables associations régionales ont entrepris de collecter des répertoires qui, encore bien vivants jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ont commencé à être délaissés dans les années 1950.

À la fin des années 1960, le mouvement folk a relancé les collectes. Tant et si bien qu’aujourd’hui il existe en France d’innombrables captations et transcriptions d’airs dits traditionnels, souvent dispersées en une multitude de médiathèques et de collections privées, mais de mieux en mieux recensées. C’est ce qui a permis à Guillaume Veillet, ancien rédacteur en chef de Trad Magazine , de compiler une anthologie de près de trois cents plages. Le classement en est régional : Bretagne, Ouest, Centre, Sud-Ouest, Corse, etc., et deux volumes sont consacrés aux francophones d’Amérique du Nord et aux départements d’outre-mer.

Les musiques sont d’une infinie variété : on y trouve des enregistrements de terrain très anciens, des repiquages de disques commerciaux, des interprétations recueillies durant la seconde moitié du XXe siècle. On y entend des berceuses, des chansons épiques, des ballades sentimentales, des airs à danser, des chants de travail, des encouragements aux animaux de trait et des sonneries de cloches. Il en ressort l’image d’une France diverse, réunissant quelques genres répandus sur de larges pans du territoire : le branle, les bourrées, les contredanses, d’où sortira l’omniprésent quadrille, mais abritant aussi des spécialités régionales.

Une France dont la musique n’a cessé d’intégrer des apports extérieurs : valses, polkas, mazurkas, scottishes, one-step, two-step, cercle circassien font désormais partie intégrante du patrimoine musical national.
Au-delà du plaisir et de l’émotion qui prennent l’auditeur à l’écoute de cette remarquable anthologie, c’est sans doute ce qu’il faut en retenir : la musique témoigne de la richesse dans la diversité de cultures régionales marquées par l’expérience nationale ou par l’influence originelle des sons de France, mais cette richesse ne s’est maintenue et renouvelée que grâce à des apports extérieurs qui sont en permanence venus la féconder.

Culture
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