À l’écoute des marchés financiers

Le grand emprunt de Nicolas Sarkozy est destiné à soutenir un système économique qui a pourtant plongé avec la crise financière.

Thierry Brun  • 17 décembre 2009 abonné·es

Voilà un « grand emprunt » qui fait pschitt… Dans un de ces effets d’annonce qu’il affectionne, Nicolas Sarkozy a parlé de 60 milliards d’euros d’investissement, lors du lancement, le 14 décembre, d’un emprunt qui n’est en réalité que de… 22 milliards d’euros « levés sur les marchés ». Le reste des investissements publics est complété par les 13 milliards d’aides remboursés à l’État par les banques. Le Président puise dans les services publics le remboursement d’un emprunt dont les investissements feront la part belle au secteur privé. Rien que pour 2010, 15 milliards de baisses d’impôts supplémentaires ont été programmées : 12 milliards pour la suppression de la taxe professionnelle et 3 milliards pour la baisse de la TVA dans la restauration.

Les 35 milliards d’investissements seront consacrés pour l’essentiel à l’enseignement supérieur et la formation (11 milliards), conformément aux recommandations de la commission Juppé-Rocard, les autres étant l’industrie et les PME (6,5 milliards), le numérique (4,5 milliards) et le développement durable (5 milliards). Reste un mystérieux complément de 25 milliards d’euros venant du privé, sans qu’on n’en sache plus. La logique financière et libérale l’emporte et met de côté tout volet social. Le soutien à l’enseignement supérieur dès 2010 servira notamment à doter en capital des fondations universitaires : les campus utiliseraient uniquement les revenus du capital à l’image des universités américaines. 8 milliards d’euros seront par exemple consacrés à l’ouverture « d’une dizaine de campus d’excellence ». Ils recevront « des dotations aux alentours […] d’un milliard d’euros chacun en pleine propriété » , ce qui leur permettra de disposer «  d’un capital générateur de revenus ». Et la peu écologique filière nucléaire se taille la part du lion, car la France lancera « *le développement des réacteurs nucléaires de 4e génération ».
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