Copenhague : la rébellion du sud

Patrick Piro  • 17 décembre 2009 abonné·es
Copenhague : la rébellion du sud

Jamais un sommet climat n’aura été aussi chargé de tensions que celui de Copenhague, qui s’achève en fin de semaine. Aussi, malgré les énormes dissensions qui y ont régné depuis le 7 décembre, on ne s’aventurera pas à pronostiquer le sempiternel accouchement d’une souris. Parce que l’importance de l’enjeu est enfin partagé de manière très homogène désormais, des gros bras industrialisés aux micro-îles du Pacifique. Et que le monde entier a les yeux rivés sur ses décideurs : à la hauteur ou pas ? Planète sacrifiée ou espoir concret ?
De retour du Danemark, chaque délégation aura, quoi qu’il arrive, des comptes à rendre à l’opinion publique, nationale et internationale. Et il sera mal aisé de faire porter le chapeau de l’égoïsme ou de l’intransigeance au voisin. Les pays du Nord doivent impérativement montrer l’exemple, et sans mégoter. Exempter les grands émergents ? Ce n’est plus possible, la Chine, l’Inde et le Brésil en sont parfaitement conscients. Exiger de la modération des autres ? C’est du plus parfait cynisme. Tout indique que de nombreux pays du Sud, qui supportent déjà une addition d’autant plus scandaleuse qu’il y a erreur sur le légitime débiteur, vont rapidement se retrouver dans des situations intenables. À Copenhague, la pugnacité des pays dits « en développement » et leur résistance collective à laisser le Nord faire ses petites affaires avec les grands émergents traduisent ce sentiment d’urgence et d’injustice grandissant.
Et il est tout à fait révélateur que la bataille se soit nouée autour du protocole de Kyoto : on l’imaginait dépassé, il fait l’objet d’une défense acharnée du Sud, qui exige qu’il soit le cadre d’une nouvelle période d’engagement de réduction radicale des gaz à effet de serre. En effet, c’est l’unique outil juridiquement contraignant pour le Nord. Lâcher Kyoto pour l’ombre d’un nouveau pacte global dont rien de rien n’est écrit à Copenhague, c’est pour le Sud comme se tirer une balle dans le genou. À Copenhague, on a vu la géopolitique internationale changer de visage.

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