Glace et grâce

« La Fête des mères », album finnois, colore une amitié d’enfance.

Marion Dumand  • 24 décembre 2009 abonné·es

L’herbe est vert pomme, et quand, de rage, Johannes s’accroche au pommier, une fleur blanche et rose se décroche. Un bonnet bleu dissimule ses cheveux roux. Mais rien ne peut cacher ses taches de rousseur, ses joues fraîches de môme, ni ses oreilles décollées, moquées. Aux couleurs, à la lumière, la Finnoise Amanda Vähämäki porte toute son attention, qu’elles soient d’une petite île ou d’un presque adolescent. C’est sur la première qu’elle a enfermé Johannes, qu’elle nous entraîne à ses côtés. On vit avec lui l’espoir de quitter un univers étouffant et beau, la mer glacée pour horizon. Grâce à la télécommande à remonter le temps? À une tentative de fugue? Ces pistes tournent vite à l’impasse. L’étroitesse de l’île, plus exactement l’éloignement de l’archipel, ne cesse de se ressentir : à quoi bon remonter le temps sans changer d’endroit, à quoi bon fuguer pour zoner dans un bar ?

Dans la Fête des mères, les péripéties pas plus que les adultes n’importent. Quoi, alors ? La finesse d’une amitié, d’un amour, ces moments d’attente et de complicité qui unissent des enfants. Frère et sœur, amis-amoureux, ils parlent (peu) une langue commune, chargée de fous rires et d’aventures. Les crayons de couleur emplissent des traits ronds, presque candides, des planches sans gouttière (ce blanc qui sépare les cases), font vibrer chaque dessin d’une vie lumineuse, sensible. Amanda Vähämäki ne narre pas une histoire mais la grâce d’instants.

Culture
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