Un langage commun

Si les initiatives citoyennes en faveur du dialogue interreligieux se multiplient, les politiques locales préfèrent aborder la question par le biais de l’intégration culturelle.

Lena Bjurström  • 24 décembre 2009 abonné·es

Le dialogue interreligieux n’est pas une idée nouvelle. Il figure au programme de l’Unesco depuis les années 1990, notamment à travers la mise en place d’un réseau international d’universités, la promotion d’un enseignement « neutre et objectif » du fait religieux et la défense d’une plus grande mobilité des chercheurs et des étudiants. Pour Rosa Guerreiro, responsable des projets autour de ce dialogue, l’enjeu est d’enrayer l’ignorance et d’amener à une acceptation de l’autre, dans sa diversité. Si l’idée n’est pas neuve, elle gagne du terrain en France à en croire le nombre de groupes et d’associations qui multiplient les initiatives. «  Au niveau personnel, certains ont réalisé que l’approfondissement de sa propre foi ne signifie pas toujours un enfermement sur son identité, commente Rosa Guerreiro. Par ailleurs, les communautés religieuses ont pris conscience du rôle que les leaders religieux comme les simples croyants pouvaient jouer dans les grands débats de société. »

Michel Jondot est une figure du dialogue interreligieux associatif. Prêtre catholique, il a cofondé la Maison islamo-chrétienne dans les Hauts-de-Seine. Selon lui, pour qu’il y ait dialogue, il faut une rencontre, et pour que celle-ci soit possible, il faut un langage commun. Son association a donc choisi le tissage comme langage, l’objectif étant de mélanger les cultures en mélangeant les techniques. Le tissage vient ensuite servir de support à des échanges et à des réflexions sur des thèmes d’actualité qui peuvent aller du conflit israélo-palestinien au mariage religieux. « Il faut des activités concrètes pour entretenir le dialogue » , explique le prêtre.

« Comment travailler avec les communautés ethniques et culturelles sur les sujets qui fâchent ? », interrogeait l’association Ville et banlieue lors d’un séminaire organisé à Paris le 8 décembre. Preuve que le dialogue interreligieux, recouvert par le débat sur l’identité au niveau national, intéresse les collectivités. Mais celles-ci préfèrent visiblement aborder le sujet de biais, en passant par la question de l’intégration. « La ville doit refléter la diversité de sa population, explique Bernard Bensoussan, chargé de mission à Ville et banlieue. Les initiatives politiques se rapportent moins à la question religieuse qu’à celle d’une représentation politique reflétant cette diversité, et à une commémoration d’événements importants pour les communautés, comme le ­massacre du 8 mai 1945 à Sétif, en Algérie. » Le soutien local au dialogue interreligieux s’opère de manière indirecte, à travers une aide aux associations qui le défendent, d’après Michel Jondot. *« Même si, parfois, ce soutien n’est pas dépourvu de calcul électoraliste. »
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