Un succès pour Barack Obama

En obtenant l’adoption de sa réforme de santé, le président américain franchit un terrible obstacle. Non sans avoir dû faire de nombreuses concessions.

Alain Lormon  • 24 décembre 2009 abonné·es

Le père Noël devrait passer cette année pour Barack Obama. Le cadeau attendu, qui devrait tomber dans la nuit du 24 au 25, aura la forme d’un texte sur la couverture maladie. Les derniers obstacles avaient en effet été levés, lundi, lorsque les sénateurs ont finalement approuvé par 60 voix contre 40 la fin des débats sur le texte de réforme. Cette dernière mouture contient un « compromis » négocié âprement au cours des dernières semaines. ­D’autres votes de procédures devaient avoir lieu mardi et mercredi. Barack Obama, de retour de Copenhague, s’est empressé de féliciter les sénateurs d’avoir « empêché le blocage d’un vote final sur la réforme de l’assurance-maladie » , et a salué « une grande victoire pour les Américains » . Mais il a aussi et une nouvelle fois dénoncé les « groupes de pression » qui continuent d’agir contre la réforme, estimant que les arguments de ses adversaires sur le coût « ne tiennent pas la route ». Une première version de la réforme avait déjà été adoptée le 7 novembre par la Chambre des représentants. Après le vote définitif du Sénat, les deux versions devront être fusionnées. La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, qui représente la gauche du parti démocrate, a émis le vœu que la réforme soit prête et puisse être présentée par le Président lors de son ­discours sur « l’état de l’Union », fin janvier.

Le texte de la réforme vise à permettre à 31 des 36 millions d’Américains qui en sont dépourvus de disposer d’une couverture maladie. Selon le bureau du Budget du Congrès, le projet de loi réduirait le déficit de 132 milliards de dollars sur dix ans. Il ­permettrait des économies sur des dispositifs tels que Medicare, ce système d’assurance-santé géré par le gouvernement américain et destiné aux plus de 65 ans, en vigueur depuis 1965 (il avait été ratifié par Lyndon Johnson). Grâce à la nouvelle loi, les assurances n’auraient plus le droit de refuser une couverture au prétexte de problèmes de santé préexistants. Mais, contrairement au souhait d’Obama, le plan n’instaure pas une caisse maladie publique qui concurrencerait les assurances privées.

L’une des dernières séances de négociation portait sur un compromis au sein de la majorité à propos de l’avortement. Certains sénateurs, y compris démocrates, ont retenu leur vote général jusqu’à l’adoption d’un amendement interdisant le financement de l’avortement par des fonds publics. Le cadeau de Noël n’est donc pas exactement ce que Barack Obama espérait. Le président américain pourra tout de même dire qu’il a remporté une belle victoire sur un terrain qui avait scellé l’échec de Bill et Hillary Clinton il y a dix ans. Beaucoup d’observateurs s’interrogent sur le comportement de Barack Obama après cet obstacle franchi. Un échec l’aurait définitivement délégitimé. Un succès, même au rabais, devrait lui rendre un minimum de liberté d’action sur les autres dossiers ouverts à son arrivée à la Maison Blanche, notamment de politique étrangère.

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