Florence Domingues, femme de détenu incarcéré à Aiton

Politis  • 7 janvier 2010 abonné·es

J’habite en Haute-Savoie, à Rumilly. Mon mari est incarcéré au centre de détention d’Aiton, en Savoie. Pour chaque visite au parloir, je dois compter une journée. Je me lève à 6 heures du matin avec mes deux enfants pour prendre le train de 8 heures pour Chambéry. Puis on attend une correspondance pendant une heure, pour gagner Saint-Pierre-d’Albigny.

À 12 h 45, la navette nous conduit au ­centre de détention, à quinze kilomètres. Il faut réserver la navette, téléphoner auparavant, car elle n’est pas systématique. J’ai le parloir à 13 h 30. Chaque visite dure une heure, dans un box, sous surveillance. Après la visite, je dois attendre le retour de la navette à 17 h 30 pour la gare de Saint-Pierre et un train pour Chambéry. Chaque visite monte à 100 ou 150 euros, selon si j’ai le temps de faire des sandwiches avant de partir, pour les enfants et moi.

Mon mari a d’abord été incarcéré à Bonneville, puis à Chambéry, et ramené à Bonneville puis déplacé à Fresnes, ensuite à ­Chalon-sur-Saône, à Lyon, et enfin à Aiton. En huit ans, cela fait sept établissements. Quand il était à Fresnes, près de Paris, je n’ai pas eu les moyens de lui rendre de visite. Mon mari travaille, mais ce n’est pas toujours possible parce qu’il suit des cours. C’est l’un ou l’autre. Quand il travaille, il fabrique des pièces de voiture, ce qui lui rapporte une centaine d’euros. Sa dernière fiche de paie s’élève à 81,57 euros pour un total de 133,30 heures. Il cantine comme il peut. Personnellement, j’attends le RSA.

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Libres paroles de détenus
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