Cré vindioux !

Les paysans en crise ?
Qu’ils s’en prennent à eux-mêmes !

Bernard Langlois  • 28 février 2010
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L’ouverture du salon de l’agriculture, rendez-vous incontournable de tous les politiques, a donc ouvert ses portes en pleine crise agricole.
Au point que certains redoutent des incidents [^2], que le désespoir pourrait inspirer à des paysans dont les revenus sont en chute libre et qui se sentent déconsidérés, mal aimés, humiliés.

Notons d’abord qu’il y a paysans et paysans, et que tous ne souffrent pas pareillement de la dureté des temps. De même que tous ne sont pas ces pollueurs qui bouzillent leurs champs, leur santé et la nôtre, sans parler des cours d’eau, à coups de pesticides, sulfates et autres saloperies, arasent les haies protectrices, sacrifient les bois pour augmenter leurs surfaces utiles et mécaniser encore plus leur exploitation en s’endettant jusqu’au cou..

Ceux-là, en effet, on ne les aime guère.

Mais s’ils n’arrivent pas à s’en sortir — malgré primes et prêts à taux zéro dont on les arrose —, c’est tout de même bien de leur faute.

Voici plus d’un demi-siècle qu’ils élisent avec une régularité d’horloge des représentants syndicaux qui ont partie liée à l’ agrobusiness , à la grande distribution, aux multinationales des produits phytosanitaires ; qui fournissent non moins régulièrement à la droite (changeant de casquette à l’âge de la retraite syndicale), des ministres de l’agriculture [^3] partisans du même modèle productiviste (forcément, puisque ce sont les mêmes habillés autrement !) et qui n’ont de cesse de “moderniser” la profession jusqu’à faire de chaque bouseux un otage du Crédit agricole …

Il existe bien une offre alternative à la FNSEA : celle de nos amis de la Confédération paysanne notamment, ou le Modef, qui défendent un tout autre modèle.
Mais rien n’y fait : conservateur par essence, ne voyant pas plus loin que le bout de son champ, le paysan français continue de servir de piétaille à des états-majors qui se foutent bien de sa gueule, pour le plus grand profit des gros agrariens, grands bénéficiaires des primes que les petits arrachent en brûlant des pneus au petit matin devant les préfectures.

Ce pourquoi je leur dit, avec compassion quand même, parce que c’est vrai qu’ils souffrent, que ce sont de braves gens, et durs à la tâche : «Vous ne devez vous en prendre qu’à vous-même.»

Cré vindioux !

[^2]: Sarko le premier, qui a piteusement refusé l’inauguration (il ira plus tard, paraît-il …)

[^3]: Jusqu’à une date récente : l’essentiel se jouant désormais à Bruxelles, on préfère désormais des technos (tel Bruno Le Maire) à des paysans embourgeoisés (comme Debatisse ou Guillaume)

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