La guerre vue du ciel

Une histoire de la conquête de l’espace, enjeu géopolitique et militaire sous la férule américaine.

Jean-Claude Renard  • 25 février 2010 abonné·es

Voilà près d’un demi-siècle maintenant que l’homme a percé la barrière de l’atmosphère. L’espace est devenu le théâtre des affrontements scientifiques et des enjeux stratégiques des grandes puissances. Pour le meilleur et pour le pire. C’est surtout et d’abord un territoire occupé au quotidien, peuplé de satellites, rappelle en préambule le réalisateur, Denis Delestrac. De pleines bordées de satellites qui permettent l’utilisation des téléphones portables et des cartes de crédit, les retransmissions télévisées, le trafic aérien, la circulation routière, le GPS, les alertes météo, la récolte de certaines données (sur les gisements de matières premières, la pollution, le réchauffement climatique). Qu’on supprime les satellites, et le monde moderne s’écroule.

Aujourd’hui, environ un millier de satellites actifs circulent autour de la Terre. Un système appartenant à quarante-cinq nations. Les États-Unis possèdent la moitié des satellites mis sur orbite, qu’ils utilisent pour leurs besoins civils et militaires. Et, depuis la première guerre du Golfe, l’usage de la technologie spatiale n’a cessé d’augmenter. À titre d’exemple, en mars 2003, 70 % des missions lancées sur Bagdad étaient guidées par satellite. À travers quelques chiffres, on l’observe, l’espace est le nerf de la supériorité américaine. « Il pourrait aussi être son talon d’Achille » en cas de conflit spatial. C’est bien la hantise américaine : un Pearl Harbour dans les étoiles. Pointé du doigt, le géant chinois. L’attaque ne serait ni nucléaire, ni biologique ou chimique mais technologique. Et radicale. Tel est le propos de Denis Delestrac, retraçant l’histoire forcément contemporaine de la conquête de l’espace, des V2 allemands aux premières fusées, une histoire dominée par la militarisation, au reste inaugurée par Wernher von Braun, l’ancien concepteur des missiles nazis, également dirigeant de la Nasa de 1958 à 1972. Aux images d’archives, le réalisateur ajoute les propos de militaires, de spécialistes de politique spatiale, livre les plans de bataille au Centre de commandement spatial de l’US Air Force.

Au nom de la pax americana (en référence à la pax romana, concept selon lequel la puissance dominante se doit d’assurer la paix), les États-Unis tentent aujourd’hui de freiner la concurrence (au-delà de la Russie, de la Chine, visant notamment l’Inde et Israël) pour contrôler d’en haut le monde d’en bas. En attendant une arsenalisation de l’espace tout à fait envisageable.

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