Comme ça tombe bien…

Un campement de 300 Roms de la région parisienne a été démantelé dans des conditions suspectes.

Xavier Frison  • 18 mars 2010 abonné·es

L’affaire est pour le moins étrange. Le lundi 8 mars dans l’après-midi, un terrain de Massy (Essonne) abritant près de 300 Roms subit une violente agression. Une trentaine de gens du voyage, mécontents de la peine infligée à un membre de la communauté rom, condamné pour le cambriolage d’une de leur caravane, décident de faire justice eux-mêmes. Au cours de l’attaque, le feu détruit les deux tiers du campement.

Le rôle de la police municipale, présente sur les lieux au moment des faits, reste flou. Une centaine de personnes parmi toutes les familles regroupées dans un gymnase le soir même, sous la pression des associations présentes qui leur cherchaient un toit, ont demandé à repartir en Roumanie. La peur et les « amicales » sollicitations de la préfecture auront raison des derniers récalcitrants. Jeudi matin, tout le monde avait débarrassé le plancher.
Serge Guichard, de l’Association de solidarité en Essonne aux familles roumaines et roms (ASEFRR), a été présent aux côtés des Roms dès le lundi soir. Effaré, il constate que « le feu a brûlé les deux tiers du camp » et que, « dès le mercredi soir, les bulldozers ont rasé le bidonville ». De là à imaginer que la rixe entre les deux communautés fait le jeu de la préfecture et des politiques hostiles à la présence des Roms sur le département, il n’y a qu’un pas. Personnellement menacé par quatre individus proches des agresseurs dans l’enceinte du commissariat où il accompagnait deux Roms venus porter plainte, Serge Guichard se pose des questions sur le comportement de la police municipale dans cette affaire : « A-t-elle réagi à temps au moment de l’attaque ? Et maintenant que les gens sont partis, que le terrain est rasé, quid de l’enquête ? » Deux plaintes contre X ont été déposées pour faire toute la lumière sur les causes de l’incendie, l’une par les Roms et ­l’autre par l’ASEFRR. Serge Guichard en a déposé une troisième pour les menaces reçues au commissariat.

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