Dans les salons de la marquise

Peu compétente en matière de logement, la Région peut faire pression sur les villes ou leur
apporter de l’aide, ont rappelé des candidats aux élections lors d’un débat organisé à Paris.

Ingrid Merckx  • 11 mars 2010 abonné·es
Dans les salons de la marquise
© AFP/GUILLOT

Hasard du calendrier, le premier tour des élections tombe la veille de la fin de la trêve hivernale. Et le lendemain d’une mobilisation contre les expulsions. Le 13 mars, en effet, le Réseau stop aux expulsions de logement (Résel), collectif lancé en juin 2009 par le DAL (Droit au logement) avec avec la Confédération nationale du logement (CNL) et la Confédération syndicale des familles (CSF) invite à manifester avec, entre autres, Jeudi noir, « pour l’arrêt des expulsions locatives, pour la réalisation de logements sociaux et contre le logement cher » . Le 3 mars, le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement – 31 organisations dont la Fondation Abbé-Pierre (FAP) – se joignait à l’appel.
Une unité inédite, mais qui est plus le fait de l’urgence sociale que de l’échéance électorale, car la Région n’a pas grande compétence en matière de logement. Il n’empêche : « La crise du logement est telle que tous les élus sont concernés, et la Région reste une force politique et financière ! », rappelle Christophe Robert de la FAP. C’est aussi l’avis du Résel, qui avait invité, le 4 mars, des candidats à débattre à Paris dans les « salons de la Marquise », hôtel particulier de la place des Vosges en cours de rénovation et occupé depuis deux mois par Jeudi noir. Confort minimum, mais de circonstance, pour une série d’échanges entre les représentants de quatre listes – PS, NPA, Europe Écologie et Front de gauche – et une assistance réduite à une poignée de militants.

Expulsions, squats, réquisitions, « congés ventes », normes énergétiques, « épuration sociale » entraînée par des programmes de rénovation… « Le logement est une question politique et sociale, et pas seulement technique et financière » , a souligné Nathalie Perrin-Gilbert, candidate PS en Rhône-Alpes. Même position chez ses homologues, qui ont tous rappelé l’État à son devoir de régulation, condamné la spéculation sur le foncier, défendu le gel des loyers et la construction massive de logements très sociaux. L’occasion de mesurer que l’exercice dépassait le cadre des régionales pour s’apparenter à un tour de chauffe programmatique. Avec, Île-de-France oblige, le Grand Paris en ligne de mire.

Pas de différences notoires dans les propositions concernant un moratoire sur les expulsions, l’augmentation de la taxe sur les logements vacants ou les sanctions à l’encontre des villes dérogeant à la Loi SRU (sur les 20 % de logement sociaux). Mais des nuances : le NPA a défendu l’idée d’un service public du logement tandis que le Front de gauche a évoqué un « syndicat régional du logement » , Europe Écologie une « interface » avec les entrepreneurs, le PS un « établissement public du foncier » . Anne Leclerc (NPA, Paris) et Omar Slaouti (NPA, Val-d’Oise) ont proposé une indexation des loyers sur les revenus, et de rendre inéligibles les maires dérogeant à la SRU. Sur ce volet, les autres soutenaient le devoir de préemption des préfets, la systématisation des contrats de carence et l’augmentation des pénalités. « Il faut abroger la Loi Molle-Boutin, a insisté Jean-Jacques Porcheron (Front de gauche, Créteil). Et faire en sorte que le loyer n’excède pas 20 % des revenus des ménages ! »

« Si on obtient une majorité à gauche en Île-de-France, on saura travailler avec les associations » , a promis Éric Coquerel (Front de gauche, Paris). Idem pour Emmanuelle Cosse (Europe Écologie, Paris), qui a défendu une « politique volontariste » de la Région passant par un « doublement du budget, de 200 à 400 millions d’euros, pour augmenter les co­financements de programmes à la pierre et lutter contre la précarité énergétique » . Autre proposition : mettre en place des « plans de sauvetage » dans des zones critiques, comme à la cité universitaire d’Antony (92), en pleine démolition, ou au Chêne-Pointu à Clichy-sous-bois (92), où les copropriétés sont en faillite.

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