Parutions

Politis  • 18 mars 2010 abonné·es

Écrits féministes, de Christine de Pizan à Simone de Beauvoir

Anthologie présentée par Nicole Pellegrin, Flammarion, « Champs Classiques », 254 p., 9 euros.

« Le féminisme est pensée et action. » C’est par cette phrase que Nicole Pellegrin, historienne et chargée de recherches honoraire au CNRS, commence sa passionnante introduction à cette anthologie des grands textes du féminisme, depuis Christine de Pizan (qui milita – au XIVe siècle ! – pour que les femmes aient droit à l’éducation) jusqu’à Simone de Beauvoir. À l’heure où l’on s’apprête à célébrer les quarante ans du Mouvement de libération des femmes, ce recueil montre la force (et l’actualité) de la pensée féministe en retraçant plus de six siècles d’écrits pour les droits des femmes, en particulier la lutte, âpre et longue, pour le droit de vote. Les grandes lignes de la vie de chaque auteure sont présentées succinctement par Nicole Pellegrin avant le texte en lui-même. On lira notamment le savoureux extrait du troisième tome de l’autobiographie de Simone de Beauvoir, l a Force des choses, où la philosophe rappelle les effarantes réactions des critiques (masculins !) provoquées par la parution du Deuxième Sexe (1949)…

Le Diable en France
Le Juif Süss

Lion Feuchtwanger, Belfond, 310 p. et 520 p., 20,50 euros et 19 euros.

Paru à l’apogée de Weimar, en 1925, le Juif Süss livrait une fresque foisonnante et baroque, un tableau de l’Allemagne du XVIIIe siècle à travers l’odyssée d’un personnage fascinant, conseiller financier du Wurtemberg. On sait que la propagande nazie, en 1940, en pervertit le sens, avec une adaptation au cinéma violemment antisémite, dans un film réalisé par Veit Harlan, sous la houlette de Goebbels. Mais, bien avant le film, dès 1933, Lion Feuchtwanger (1884-1958) était déchu de sa nationalité par Hitler. Réfugié en France, à Sanary-sur-Mer, il sera interné en 1940 par le régime de Vichy, au camp des Milles, près d’Aix-en-Provence. Il parviendra à s’en évader puis à gagner les États-Unis, aidé, comme beaucoup d’autres, par Varian Fry. C’est donc en Californie qu’il rédige le Diable en France (1942), récit autobiographique retraçant son internement. Un récit à la fois intime et collectif, désignant l’effondrement de l’Allemagne et l’amour déçu pour une terre d’asile muée en prison. Un ouvrage d’une actualité brûlante, que les éditions Belfond rééditent aujourd’hui, comme le Juif Süss.

Les Années 70, un âge d’or des luttes ?

Lilian Mathieu, Ed. Textuel, « Petite Encyclopédie critique », 144 p., 9,90 euros.

Inaugurant (avec trois autres titres) une nouvelle collection chez Textuel, dirigée par Philippe Corcuff
et lui-même
– la « Petite Encyclopédie critique », qui rappellera à certains la légendaire « Petite Collection Maspero » –, le sociologue Lilian Mathieu revient sur cette décennie 1970 qui a laissé le souvenir d’une effervescence de contestations tous azimuts, depuis les mouvements sociaux classiques jusqu’aux revendications des femmes, des prisonniers ou des homosexuels.
Mais ce petit livre se veut aussi un essai historique où l’auteur propose une réflexion sur la richesse des luttes de cette époque avec l’objectif clairement énoncé de mieux comprendre ce qu’elles peuvent apporter à celles du présent. Longue vie en tout cas à cette collection, qui a le mérite d’annoncer la couleur : rouge vif !

Idées
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