Pour mémoire

Musicien d’aujourd’hui, Eric Bibb garde vivante
la tradition du blues.

Denis Constant-Martin  • 4 mars 2010 abonné·es

La voix est douce et chatoyante ; les lignes de guitare sont délicates mais rythmiquement fermes ; les chansons coulent tranquillement en un flux qui semble impossible à endiguer. Eric Bibb chante aujourd’hui pour rendre hommage aux bardes d’antan et, par ce détour, rappelle l’histoire des Afro-Américains à ceux qui l’ont oubliée, y compris au sein de la communauté. Bluesman en un temps où le blues est devenu musique mémoire et non plus flamme du ghetto, Eric Bibb vient d’un milieu aisé et a grandi entouré d’artistes pour qui la musique était à la fois un art du beau et un engagement : Paul Robeson, son parrain ; John Lewis (le fondateur du Modern Jazz Quartet, son oncle) ; Odetta, Pete Seeger, Bob Dylan.

Le blues, c’est à Paris qu’il en a réalisé l’importance, au contact de Mickey Baker, un des hérauts du rhythm and blues des années 1950. Il est revenu vers les Anciens et a entrepris de faire reconnaître cette musique, hors de tout folklore : en la gardant vivante, c’est-à-dire en lui imprimant sa marque. Jeu de guitare discrètement virtuose, appuyé sur une technique classique, voix extrêmement contrôlée pour mieux faire passer l’émotion et textes très travaillés lui permettent de toucher l’auditeur au-delà des âges et par-delà les langues. Son dernier CD, dédié à un grand ancien, Bukka White (1906-1977), est tout simplement superbe.

Culture
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