Qui sont les prétendants ?

La défaite de l’UMP aux régionales va évidemment aiguiser les appétits. Ils sont au moins quatre à se voir en chef de file de la droite pour 2012.

Denis Sieffert  • 25 mars 2010 abonné·es

Le premier des prétendants, le plus évident, le plus déterminé aussi, c’est évidemment lui, Dominique de Villepin, 57 ans, ancien secrétaire général de l’Élysée (à partir de 1995), ministre de l’Intérieur puis des Affaires étrangères dans le gouvernement Raffarin, puis Premier ministre de Jacques Chirac, en 2005. Nostalgique de la grandeur gaullienne et, à ses heures (ce qui n’est pas incompatible), historien de l’épopée napoléonienne, Villepin compte à son palmarès un fait d’armes planétaire : en 2003, il fut celui qui a dit non à l’Amérique de George Bush avant l’aventure irakienne. Mais quelques lourds handicaps plombent sa carrière. En 1997, il a soufflé à Chirac le choix désastreux de la dissolution de l’Assemblée ; il a subi, en 2005, face à la mobilisation sociale, un terrible revers au moment du contrat première embauche (CPE) ; et il a surtout été mis en cause dans la très glauque affaire Clearstream. D’où la haine réciproque que Nicolas Sarkozy et lui se vouent. Relaxé en première instance le 28 janvier, il doit encore faire face à un procès en appel. Mais cette hypothèque ne semble pas de nature à freiner une ambition dévorante. Lundi, la présidente du « Club Villepin » a annoncé la création prochaine d’un « mouvement au service des Français »…

L’autre grand prétendant est Alain Juppé. Bien que l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997) ait répété à plusieurs reprises vouloir s’investir dans sa fonction de maire de Bordeaux, il garde le goût d’un destin inachevé. Pour preuve, il a été le plus prompt à juger que « les polémiques ambiguës soulevées à l’occasion de l’inopportun débat sur l’identité nationale » avaient servi le Front national. À 65 ans, il semble prêt pour rejouer un rôle de premier plan. Même s’il porte lui aussi la croix d’une cinglante défaite sociale, après la grève du secteur public de décembre 1995. Juppé joue la carte de la critique personnelle : oui à la « réforme », non à la méthode Sarkozy.

Les deux autres adversaires potentiels d’un Nicolas Sarkozy affaibli avancent masqués. Jean-François Copé, 46 ans, ancien proche de Juppé, ne manque jamais de réaffirmer sa fidélité au chef de l’État. Mais ce n’est un secret pour personne que l’ancien maire de Meaux (1995 à 2002), et ancien ministre du Budget (novembre 2004-juin 2005), est un indocile président du groupe UMP à l’Assemblée. Porte-parole de députés qui ont eu le sentiment d’être tenus pour quantité négligeable par l’Élysée, il déborde d’une ambition mal contenue.

Le dernier est le plus inavouable des quatre. Cet homme, qui n’a jamais laissé paraître l’ombre d’un désaccord avec le chef de l’État, et qui a accepté sans broncher tous les désaveux et même quelques humiliations, c’est évidemment le Premier ministre, François Fillon. Ancien gaulliste social, proche de Philippe Séguin, ancien anti-Europe libéral, celui qui fut ministre des Affaires sociales de Jacques Chirac (2002-2004), puis de l’Éducation nationale (2004-2005), a déjà montré l’étonnante plasticité de ses convictions en virant adepte d’un néolibéralisme atlantiste. Quoi qu’il en dise, le dernier sondage de BVA pour Orange, l’Express et France Inter publié le 17 mars (43 % des Français contre 29 % le préféreraient à Nicolas Sarkozy comme candidat UMP pour 2012) ne peut le laisser indifférent. À 56 ans, François Fillon a pour l’instant caché la moindre ambition présidentielle. Objectivement, il n’en est que mieux placé.

Publié dans le dossier
Le sarkozysme en crise
Temps de lecture : 3 minutes