The Ghost Writer, Roman Polanski : Écrit sur du vent

« The Ghost Writer »,
le dernier film de Roman Polanski, déçoit.

Christophe Kantcheff  • 4 mars 2010 abonné·es

Est-il possible de voir le nouveau film de Roman Polanski, The Ghost Writer , pour ce qu’il est ? De nombreux commentaires ont déjà souligné les coïncidences entre l’actuelle situation du cinéaste – assigné à résidence en Suisse, avec menace d’extradition – et son personnage, homme politique britannique qui, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, s’est réfugié aux États-Unis, à l’abri de la justice. Soit. Le film a reçu l’Ours d’or à Berlin, prix qui peut aussi s’interpréter comme un signe de solidarité envers le cinéaste. D’accord. Mais le film lui-même ?

La situation initiale est prometteuse : chargé d’écrire les mémoires d’Adam Lang (Pierce Brosnan), ex-Premier ministre du Royaume-Uni, un nègre, « The Ghost Writer » (Ewan McGregor), entre dans sa vie, son intimité, ses secrets. On imagine le film qui aurait traité de la question ici centrale : celle de l’exercice du pouvoir, d’autant que cet Adam Lang est inspiré de Tony Blair, et de son comportement lors de la guerre d’Irak. Hélas, cet aspect-là est terriblement pauvre, n’arrivant pas à la cheville, par exemple, du Promeneur du Champ-de-Mars , le film de Guédiguian sur Mitterrand. Polanski a préféré privilégier la piste du thriller – plus sûre quant au spectacle –, l’enquête menée par le personnage d’Ewan McGregor sur l’appartenance à la CIA des uns ou des ­autres entretenant le suspense.

Si The Ghost Writer n’est pas dénué de belles idées de mise en scène (la séquence du ferry, celle du GPS, le Chinois qui ramasse inlassablement les feuilles au vent…), elles ne rattrapent pas un scénario sans véritable audace.

Culture
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