Tobin a rétréci

Les négociations concernant la taxe sur
les transactions ne satisfont pas les altermondialistes.

Thierry Brun  • 18 mars 2010 abonné·es

La taxe sur les transactions financières, dite taxe Tobin, du nom de son inventeur, poursuit son parcours dans les négociations en cours entre pays du G20, qui réunit les principaux pays industrialisés et émergents, et diverses institutions internationales. « Officiellement, en France, au sein de l’Union européenne et du G20, et jusqu’au FMI, la question n’est plus de savoir s’il faut le faire mais comment s’y prendre. Contrôle des bonus, constitution de nouveaux fonds de réserve, taxe minimale sur les changes, etc. Plusieurs options sont sur la table » , ont constaté Thomas Coutrot et Sébastien Fourmy, coprésident d’Attac France et directeur du plaidoyer d’Oxfam France [^2].

Preuve que la volonté politique ne s’est pas étiolée depuis la réunion du G20 en septembre 2009, Nicolas Sarkozy s’est exprimé sur le sujet le 11 mars à Paris, lors d’une conférence ministérielle internationale sur le rôle des grands bassins forestiers. « Je prendrai, avec d’autres, des initiatives au G20, que la France présidera en novembre 2010, pour que soit rapidement adoptée une taxe sur les transactions financières » , a annoncé le chef de l’État. Une volonté réitérée le lendemain à Londres : « Comme Gordon [Brown, Premier ministre britannique], je crois à la taxation, dans le cadre de financements innovants, des transactions financières. »

Au niveau européen, l’idée a aussi fait son chemin. Le Parlement européen a remis à l’ordre du jour la taxe Tobin dans une résolution, certes non contraignante, adoptée le 10 mars. Les eurodéputés ont demandé que la Commission « élabore pour le prochain sommet du G20 une évaluation d’impact d’une taxe mondiale sur les transactions financières » . Une mission similaire a été confiée au Fonds monétaire international (FMI) lors de la dernière réunion du G20 à Pittsburgh (États-Unis). Mais « tout indique que les gouvernements des pays riches sont en train de se rallier à une proposition du FMI et de l’administration des États-Unis, farouchement opposés à une taxe générale sur les transactions financières, d’instaurer une simple taxe sur le bilan des banques » , préviennent Thomas Coutrot et Sébastien Fourmy.
Le système sur lequel travaille le FMI, qui devrait être présenté en avril à l’occasion du G20 « finances » à Washington, consisterait en un prélèvement sur les banques les plus imprudentes. Et c’est aussi ce qui est envisagé dans l’étude européenne, loin de la taxe ambitieuse souhaitée par les altermondialistes.

[^2]: Dans un texte publié par la Tribune le 11 mars.

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