Argent, dettes et banques

Politis  • 15 avril 2010 abonné·es

La dette, toujours la dette, la dette grecque, la dette publique, privée, et les intérêts à payer… Ce sujet majeur de nos économies modernes est de nouveau abordé dans un ouvrage de vulgarisation qu’on doit à André-Jacques Holbecq et au Cercle des économistes citoyens. Après un ouvrage à succès ( la Dette publique: une affaire rentable , Yves Michel, 2008), Holbecq propose une exploration citoyenne et salutaire du système monétaire et financier. L’idée est née d’une interpellation de parlementaires par des citoyens au sujet de la création monétaire. Les réponses de deux députés « laissent le sentiment d’un acte de protection d’un système établi dont il ne faudrait pas, même pour des représentants de l’opposition, troubler l’ordre feutré » . Pourtant, la compréhension des réalités du monde économique, examiné à la loupe de la création monétaire, s’avère très instructive. « Le privilège exorbitant dont disposent les banques n’est pas seulement celui de recevoir des intérêts sur la création de monnaie, mais également de pouvoir décider pour qui et pourquoi la monnaie sera créée » , apprend-on. Et cette création monétaire n’est pas gratuite, elle se fait évidemment « contre intérêts ». C’est une spirale sans fin d’endettement à laquelle on assiste, explique Holbecq, exemples à l’appui. Ainsi, la création monétaire privée et son corollaire, l’intérêt, ont d’importantes conséquences, souvent occultées, sur la dette publique. Il est temps de lever ce mystère car il devient urgent et indispensable « que les besoins de financement publics soient “monétisés” par la Banque centrale afin d’éviter, à émission monétaire identique, d’avoir à payer des intérêts sur nos besoins collectifs de financement d’investissement » . L’ouvrage avance les pistes d’une réforme monétaire nationale et internationale qui posent la question du rôle de nos institutions bancaires et financières.

Idées
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