Expulsions en Haute-Savoie

Ingrid Merckx  • 1 avril 2010 abonné·es

Le 24 mars, à Nangy (Haute-Savoie) à 6 heures du matin, une cinquantaine de Roms ont été expulsés, par les gendarmes, d’une ancienne fruitière dans laquelle ils logeaient depuis plusieurs mois. « Ils ont passé une nuit dehors dans le froid, s’indigne une militante de la Ligue des droits de l’homme (LDH) de Haute-Savoie. Il y a des femmes enceintes, des bébés qui nécessitent des soins, et une douzaine d’enfants scolarisés et soutenus par la communauté scolaire ! » L’escalier de la fruitière a été détruit et les lieux ont été couverts de lisier pour dissuader les familles de revenir. « C’est un endroit à l’abandon et insalubre, en outre, c’est une propriété privée, défend Pascal Briffod, second adjoint au maire. Nous sommes une petite commune de 1 200 habitants, nous n’avons pas les moyens de gérer le problème. » Une première opération a eu lieu le 19 mars : une vingtaine d’agents « cagoulés » auraient fait irruption dans la fruitière et menacé ses occupants ; les enfants, « choqués » , se seraient réfugiés dans leur école, selon la militante. Pour l’adjoint au maire, « il s’agissait uniquement d’un contrôle d’identité. Cinq jours plus tard, quand j’ai vu les camions, j’ai cru qu’ils recommençaient ». D’après la préfecture de Haute-Savoie, « l’expulsion du “squat” de Nangy » a été demandée par le propriétaire, accordée par le tribunal de grande instance de Thonon-les-Bains, et mise en œuvre par les brigades départementales. Pour l’heure, les familles expulsées dorment dans des tentes en attendant que les communes concernées par quelques centaines de Roms autour d’Annemasse s’accordent sur un lieu fixe d’hébergement. « Seul moyen d’assurer la scolarisation des enfants, ajoute la militante de la LDH. Citoyens européens, l es Roms ont le droit de séjourner sur le territoire. Pourquoi les traiter comme des criminels ? »

Société
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