Le social à guichets fermés

Alors que le pire de la crise est encore à venir, l’institution perd peu à peu ses moyens et semble dans l’incapacité de répondre à la demande des personnes en difficulté.

Clémentine Cirillo-Allahsa  • 1 avril 2010 abonné·es

Les caisses d’allocations familiales (CAF) connaissent de graves difficultés structurelles, dom­mageables à l’accomplissement de leur mission et génératrices d’erreurs dont les allocataires font les frais. C’est, en substance, le constat présenté par Jean-Louis Deroussen, président CFTC du conseil d’administration de la Cnaf, dans une lettre confidentielle envoyée au ministère du Travail et publiée dans Le Parisien (le 11 mars). L’ensemble de l’institution serait même proche de l’implosion, la crise sociale et les pertes d’emplois créant une très forte demande. « 111 CAF sur 123 ne remplissent pas aujourd’hui leurs obligations de service  […]. Les gens sont reçus avec de plus en plus de retard et mettent parfois deux ou trois mois pour toucher une allocation logement. »

L’opacité et la complexité des dispositifs actuels font que les agents d’accueil ne sont plus en mesure d’expliquer pourquoi un allocataire perd ses droits d’un trimestre sur l’autre. « Les décrets présentent des critères avec entre 10 et 20 variables. Les ordinateurs sont programmés, mais les agents qui traitent les dossiers ne sont pas des machines ! » , souligne Francis Mergel, administrateur CGT de la Cnaf. D’autre part, la réalité du marché de l’emploi se caractérise par son instabilité. Ainsi, un tiers des fichiers RSA doit être modifié chaque trimestre, la mise à jour des dispositifs est permanente, et les allocataires ne sont informés des changements qu’au moment de leur déclaration de ressources, une fois par an pour l’allocation logement, tous les trimestres pour le RSA. Selon Francis Mergel, les complexes modalités d’attribution des allocations sont « un moyen pour l’État de se désengager », en faisant sortir des dispositifs de plus en plus d’usagers.

Temps de lecture : 2 minutes