Par ici les petits poulets

Un centre de loisirs de Castres propose
des ateliers de vacances pour s’initier au métier de policier.

Laurence Texier  • 29 avril 2010 abonnés

«Mon premier est un métier. Mon deuxième est un homme ou une femme portant un uniforme. Mon tout est une personne qui fait respecter la loi. » Telle était l’énigme imaginée par un centre de loisirs de Castres pour présenter son programme des vacances de Pâques, images explicites à l’appui. Si le suspense ne tient pas longtemps, plus mystérieux est l’objectif de ce programme destiné aux 6-9 ans, du 12 au 23 avril, et mis en place par une structure municipale. « Devenir incollable sur la police » en se mettant dans la peau de « Starsky et Hutch » ou des « Experts » , pour de faux, bien sûr, mais en présence de policiers municipaux bien réels : l’idée était pour le moins surprenante. Face au tollé suscité, la plaquette programme a été retirée de la circulation dès le 9 avril. L’atelier a, quant a lui, été maintenu. « Ce sont les enfants eux-mêmes qui ont demandé à avoir des explications sur la police » , justifie la mairie de Castres, qualifiant les faits de « non-événement ». Le maire UMP de la ville, Pascal Bugis, a tout de même jugé bon d’y revenir, évoquant dans la Dépêche du Midi un « dysfonctionnement interne puisque ni les élus ni la direction générale n’ont eu connaissance de ce document avant sa diffusion ».

Un « dysfonctionnement » qui prend des allures de lapsus révélateur quand on lit la dernière tribune de Castres magazine. Sous le titre « Poterie et macramé », la majorité y aborde le problème des jeunes et de la drogue, s’attaquant à ceux qui « pensent ramener les délinquants les plus jeunes dans le droit chemin en ouvrant des structures sur fonds publics où on leur propose des activités de poterie, macramé ou consoles vidéo ». La police plutôt que la poterie… Le souhait de l’UMP locale serait-il en passe de se réaliser ?

Loin d’être un débutant en matière de répression de la délinquance juvénile, le maire affiche un parcours sécuritaire exemplaire. Il a été le premier à mettre en place un conseil pour les droits et devoirs des familles (CDDF) dans sa ville, une mesure créée par la loi du 5 mars 2007 qui permet notamment de supprimer les allocations aux familles de jeunes délinquants. Il avait aussi été à l’avant-garde dans l’instauration du couvre-feu pour les mineurs. « La municipalité a cassé les structures d’éducation populaire et fait de la garderie sans ambition pédagogique » , estime Boukil Amria, secrétaire de la section locale du Parti socialiste. Pour lui, « ce n’est pas tant le thème de la sécurité qui pose problème mais la manière de l’aborder ». Au commissariat dès 6 ans, par exemple ?

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