PSU : je me souviens

Un engagement antérieur me fait rater ce samedi la rencontre festive des anciens du PSU, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa naissance. Je jette ici quelques fleurs sur la tombe de ce petit parti défunt qui rêvait de changer la vieille gauche. Et qui a fini par s’y perdre.

Bernard Langlois  • 9 avril 2010
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50 ans, donc. Et plusieurs générations de militants : j’ai appartenu à l’une d’elles, sur la fin.

Un petit bouquet de souvenirs, à partager avec vous. Amarcord

Je me souviens de ce matin du 14 mai 1968 où je pris ma carte auprès de militants qui tenaient une table de propagande, parmi d’autres, dans la cour de la Sorbonne “libérée”. Après la nuit des barricades du 10-11 mai et la grande manif’ unitaire du 13, Pompidou avait fait évacuer le Quartier Latin, bouclé depuis une semaine. Les manifestants avaient joyeusement repris possession de “leur” quartier, dévasté, dépavé et parsemé des épaves encore fumantes de centaines de bagnoles …

Illustration - PSU : je me souviens

Je me souviens que j’étais politiquement puceau. Trop jeune pour avoir vécu les mobilisations contre la guerre d’Algérie, Parisien de fraîche date après mes études lilloises, tout juste libéré de mes “obligations militaires” et à peine muni de ma carte de presse, j’avais été secoué par la première semaine de manifestations et la violence des charges policières, au point de me décider à m’engager dans le mouvement. J’ignorais à peu près tout de la galaxie gauchiste. Le PSU était le parti de Mendès-France, et celui de deux des figures de proue de la révolte étudiante : Jacques Sauvageot et Alain Geismar. Va pour le PSU !

Illustration - PSU : je me souviens

Je me souviens de mes premières réunions à la section du 17è arrondissement, que cornaquait un grand garçon rouquin, Jean Tercé, aujourd’hui disparu. Les élections approchaient, après un retour au calme relatif et la dissolution de la chambre. Dans cet étrange parti, où je n’avais pas deux mois de présence, on me demanda d’être candidat. On s’avisa juste à temps que je n’avais pas, à quelques semaines près, l’âge légal requis !

Je me souviens , quelques mois après, de ma première rencontre avec Rocard, auprès de qui Europe 1 m’avait envoyé faire une courte interview. J’ai oublié le sujet, mais garde le souvenir, entre les deux fumeurs de Gauloises que nous étions, d’un échange amusé de ronds de fumée impeccables !

Illustration - PSU : je me souviens

Je me souviens de mon premier congrès politique, à Lille, en 1971, où Gilles Martinet annonça à la tribune son retour à la grande maison (entendez: le PS), que Mitterrand venait de prendre en mains pour en faire l’instrument de sa conquête du pouvoir. Gilles avait été précédé de quelques-uns, et sera suivi de beaucoup d’autres … C’est à ce congrès que je fis la connaissance du responsable des relations presse du parti, Robert Destot (le grand frère de Michel, l’actuel député-maire de Grenoble) : un type chaleureux, brillant, hélas mort bien trop tôt.

Je me souviens que, très pris professionnellement, j’arrêtais assez vite de militer. Tout en restant proche des idées du parti. Je me souviens notamment d’une planque de nuit dans la campagne picarde, devant la ferme Duguet (l’enlèvement d’une petite fille, Sophie,un gros fait divers de l’époque) où tous les journalistes présents sortirent ensemble de leurs voitures respectives pour se congratuler : on venait d’apprendre au flash de 23 H (ou si c’était minuit ?) la victoire de Michel Rocard contre Couve de Murville dans un législative partielle des Yvelines !

Je me souviens … de tant de choses encore !

Si ça vous dit, je vous en remettrai plus tard quelque louches.

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