Un délicat debba

La Cité de la musique offre un riche programme de musiques de La Réunion et de Mayotte.

Denis Constant-Martin  • 22 avril 2010 abonné·es

Certes, on éprouve toujours beaucoup de plaisir à retrouver les maîtres du maloya et du séga réunionnais que sont Firmin Viry et René Lacaille, mais c’est la venue d’un groupe de femmes de Mayotte chantant et dansant le debaa qui attire l’attention dans cette programmation. Située au débouché du canal du Mozambique, entre la côte et la pointe nord de Madagascar, Mayotte fut le lieu de croisements intenses dans l’océan Indien.
Des influences continentales, malgaches, arabes et indiennes s’y sont fondues pour donner une culture originale modelée par l’islam soufi. Le debaa en est une des plus belles illustrations. Élément central des cérémonies religieuses ( dhikr) , il appartient aux femmes, chanteuses et percussionnistes. Les chorales sont organisées dans le cadre des écoles coraniques. Une soliste entonne le chant, auquel répond le chœur, puis les tambourins viennent lui donner une impulsion régulière, cependant qu’une voix récite en arrière-plan des textes sacrés. Les timbres sont légers, légèrement nasaux ; les mélodies, souples, se développent doucement. Le debaa est un art de la délicatesse qui se donne le temps d’une lente ascension vers l’extase. Les corps, somptueusement parés, ondulent avec le chant, et de gracieux mouvements de mains soulignent les paroles. Désormais offert à tous, le debaa est devenu un spectacle enchanteur.

Culture
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