De l’humour en temps de crise

Christine Tréguier  • 20 mai 2010 abonné·es

Assez de catastrophes, d’insurrections qui ne viennent pas et de sociale-tristesse. Cette semaine, on s’éclate en vidéo sur Internet. De quels droits ?, allez-vous demander. Parce que ça l’fait bien après le retour de la crise, les flics dans les écoles, les geysers de poussières magmatiques, les trombes de pétrole en mer ou encore la libération miracle de la gente Clotilde. Ces vidéos circulent sous le clavier et s’échangent aux quatre coins du web. Le hit 2009 était sans aucun doute l’hymne russe francisé déniché par Rue89. Façon phonétique hilarante, du genre « Aaaaaah si il y a les mirrroirs, vise paaas ta grrrotte Mayaaaa ».

Depuis trois mois j’ai collecté une jolie petite brassée de ces vidéos (parfois révélées aux parents par leurs ados), et j’aimerais les partager avec vous. Elles ont l’ineffable avantage de distraire le soir au coin de la table et de réduire la productivité des salariés (cadres ou ouvriers) ayant accès à un ordinateur connecté pendant les heures de travail.

Pixels de Patrick Jean est une diversion animée et particulièrement créative du 11 Septembre, où d’étranges vaisseaux ronds et colorés envahissent et effacent progressivement New York. Ce type de films, baptisé Machinima, a ses fans, ses virtuoses, comme Patrick Jean, et ses festivals internationaux.

Dans la catégorie vidéo actionniste ou activiste, j’ai choisi celle du groupe Attentat chorégraphique baptisée « Travailler plus pour gagner plus » . Le décor : un supermarché ; les personnages : des danseurs/chanteurs qui riment sur le thème qui fit le succès et fera la défaite prochaine de Sarko, et des usagers plus que surpris par cette irruption incongrue dans leur quotidien consumériste.

Mon clip vidéo de chevet est une drôlissime parodie de « Quelqu’un m’a dit », tube bien connu de la première dame de France. Sosie de la chanteuse, habiles montages de couverture de magazine montrant la dame en fâcheuses postures, titres sur ses infidélités chroniques et paroles à hurler de rire (pour adultes seulement). Extrait choisi : « Pourtant toutes les nuits y’a Sarko qui s’endooort, pourtant on m’avait dit que les nains bandaient fooort, on m’a menti alooooors… » Le refrain est gentillet comparé aux couplets et, comme dit mon ami Jipé, le sosie chante mieux que la vraie.

Enfin, si vous avez une soirée devant vous, je vous conseille un video-dinner avec le spectacle stand-up de Frank Lepage Incultures. Conférence gesticulée (qui sera prochainement au programme du théâtre Jolie-Môme si vous préférez l’art vivant). Le comédien y raconte comment le mouvement d’éducation populaire qui avait l’ambition, après la Deuxième Guerre mondiale, d’être une « formation à la politique » a progressivement perdu son but et son sens à travers l’institutionnalisation de la CULTure, de la JEUNEsse et du SPORT. De la culture de masse à la culture des navets et à l’inculture, il n’y a qu’un cheveu.

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