Le drôle de jeu de la Fifa

À la veille de la Coupe
du monde, une enquête sur les financements occultes de la Fédération internationale de football.

Clémence Glon  • 27 mai 2010 abonné·es

La Coupe du monde de football peut rapporter gros. Bien plus qu’une simple compétition sportive, elle représente un marché en or pour une multitude de marques : vêtements, boissons gazeuses, hamburgers, voitures… Pendant un mois, tout est repeint aux couleurs du ballon rond. Derrière l’estampillage « Mondial », une seule société gère les droits télévisés et de sponsoring de la Fifa. Installée en Suisse, ISL (International Sport and Leisure) possède l’exclusivité des droits de marketing des coupes du monde depuis 1986. ISL a été fondée en 1981 par un ­membre de la famille Adidas, l’un des sponsors de la Fifa.

C’est peut-être assez que la puissante fédération accorde ses contrats à ISL plutôt qu’à d’autres sociétés, considère Andrew Jennings, reporter à la BBC, spécialiste des liaisons complexes entre le sport, le business et la politique… Qui relève malversations et pots-de-vin. Ainsi, en 2001, quand ISL a fait faillite, la société fut confiée à un liquidateur, qui découvrit plusieurs versements injustifiés au profit de hauts responsables du foot. Parmi d’autres arrangements, près de 630 000 euros auraient atterri frauduleusement sur les comptes de la Fifa avant d’être transférés sur un compte particulier. En 2006, à quelques semaines de la compétition organisée en Allemagne, le journaliste publiait Carton rouge : les dessous troublants de la Fifa, un brûlot démontant les mécanismes de la corruption, dans lesquels les présidents successifs de la fédération ont une part active, João Havelange puis Sepp Blatter. Ce reportage, signé Roger Corke et Andy Bell en est le pendant, également tourné en 2006, sans rien avoir perdu de sa verve aujourd’hui.

Mis à part une mise en scène légère, un tantinet spectaculaire dans la manière de suivre à la caméra les tribulations d’Andrew Jennings dans sa folle enquête, le reportage a le mérite, en période euphorique et de festive insouciance pour le football, de lever le voile sur les réseaux de financements d’un sport très juteux pour peu qu’on ait le ballon entre les pieds. Foin d’idéalisme alors, comme en témoigne le mode de réélection du président de la Fifa à grands coups de voix achetées. Un regard éclairant, donc, suivi par un bref entretien avec Andrew Jennings sur ce qui attend les amateurs de ballon rond et surtout l’Afrique du Sud, pendant et après le Mondial. En somme, peut-il y avoir d’autres vainqueurs que la Fifa ?

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